Jamais une présidentielle n'a connu pareil suspense aux Etats-Unis et à l'étranger, avec des résultats qui ont déjoué pour le moment tous les pronostics et rendus caducs tous les sondages. Le président sortant Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden étaient hier soir au coude-à-coude, alors que l'opération de dépouillement se poursuivait toujours, faisant monter la tension aux Etats-Unis, après une élection inédite et une campagne électorale agressive. Alors que le candidat républicain, M. Trump a revendiqué dès le début de la matinée la victoire, les résultats partiels donnaient une légère avance pour son rival démocrate, en attendant le comptage des voix des électeurs qui ont voté par correspondance et dont le nombre avoisine les 100 millions sur un total de 160 votants. Il s'agit, en effet, d'un record de participation estimé à 66,9%, contre 59,2% en 2016, selon le US Elections Project. En raison de la pandémie, le nombre de votants par correspondance a donc augmenté, provoquant un débordement de certains centres de dépouillement. Autrement dit, les Américains risquent d'attendre quelques jours supplémentaires pour connaître le futur président. C'était le cas, lors de l'élection présidentielle en l'an 2000, à l'issue de laquelle George Walker Bush avait été déclaré vainqueur après 36 jours d'attente et de bataille judiciaire en Floride, face à son rival démocrate Al Gore. Le même scénario risque de se répéter si l'on se fie aux menaces de Donald Trump de rester à son poste, en cas de défaite, estimant qu'il y a eu fraude en faveur de Biden. Si les observateurs écartent d'éventuelles violences post-électorales, la bataille juridique risque d'être ardue et pourrait concerner plusieurs Etats. Et le tweet de Trump affirmant qu'"honnêtement, nous avons gagné l'élection", a provoqué de vives réactions et poussé Twitter et Facebook à réagir. "Une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce tweet est contestée et susceptible d'être trompeuse quant au mode de participation à une élection", a réagi Twitter qui a masqué les propos de Trump, alors que sur Facebook ses déclarations étaient encore visibles, mais le réseau social lui a adossé un lien vers son centre d'information sur les élections, qui montre les résultats officiels, soit un coude-à-coude avec le démocrate Joe Biden dans la course aux grands électeurs. Gardant son calme et se montrant patient, le candidat démocrate a déclaré en fin de journée d'hier qu'il lutterait jusqu'à la dernière minute pour s'assurer de la victoire. "Nous ne nous accorderons aucun répit jusqu'à ce que chaque bulletin de vote soit compté", a tweeté l'ancien vice-président de Barack Obama, qui tente, à 77 ans, sa chance pour la troisième fois. Une certitude : la vague démocrate "bleue", espérée par certains dans le camp Biden, qui se prenaient à rêver de victoires historiques par exemple au Texas, n'a pas eu lieu. Le président sortant a conservé la Floride, faisant mentir de nombreux sondages, ainsi que le Texas, bastion conservateur qui avait un temps semblé menacé, et l'Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence.