Une dizaine de wilayas a enregistré la fermeture d'établissements scolaires pour cause de contaminations au Covid-19. Il s'agit entre autres d'Alger, de Laghouat, d'Oum El-Bouaghi, de Guelma et de Bouira. Ce chiffre non exhaustif qui a été livré par un syndicat du secteur de l'éducation nationale, en l'occurrence le Cnapeste, résume au mieux l'ampleur de la propagation en milieu scolaire de la pandémie mais aussi l'inquiétude qui a gagné la communauté éducative dans le pays. Le porte-parole du Conseil national autonome des personnels d'enseignement du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba, a fait savoir en effet que des cas d'infection par Covid-19 ont été signalés et des écoles ont été fermées dans la plupart des wilayas, même s'il dit ignorer les proportions que prend la pandémie d'une wilaya à une autre. Les exemples ne manquent pas : à Alger, ce sont, en effet, une trentaine de collèges et de lycées qui ont fermé leurs portes dans des quartiers comme Bouzaréah, El Biar et Alger-Centre. C'est le cas aussi dans d'autres wilayas à l'instar de Laghouat, où le wali a fermé deux écoles après l'apparition de quelques cas au sein du personnel éducatif. À Oum El-Bouaghi, ce sont quatre écoles qui ont été fermées. Dans la wilaya de Guelma, les autorités ont procédé à la fermeture d'une école suite à la contamination d'un enseignant. D'autres cas ont été recensés également dans la wilaya de Bouira où le wali a décidé la fermeture de trois écoles primaires. S'exprimant à ce sujet, un membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie, le Dr Mohamed Bekkat Berkani a, pourtant, indiqué récemment, que la fermeture des écoles en raison de la hausse des cas de Covid-19 est très peu probable. Pour sa part, Messaoud Boudiba, que nous avons sollicité pour nous éclairer sur la question, dira tout ignorer du dispositif juridique sur lequel l'on s'est basé pour décider la fermeture de ces établissements. "La réglementation suscite notre inquiétude, nous demandons qu'elle soit bien claire et transparente", a-t-il dit, avant de préciser que "ni le directeur de l'éducation ni le directeur d'établissement ne peuvent décider de sa fermeture, mais le wali est habilité à le faire, puisque le dernier Conseil du gouvernement lui a donné des prérogatives pour intervenir dans ce domaine. D'ailleurs, les quelques établissements qui ont fermé l'ont été par les walis, hormis quelques cas qui l'avaient été par les parents d'élèves". Aussi, les procédures réglementaires pour la fermeture d'un établissement mériteraient d'être clarifiées "pour que les concernés sachent aussi, quelle attitude adopter face aux personnes suspectées de porter le virus", a estimé notre interlocuteur, en ajoutant que cette mission qui échoit en principe au Comité national scientifique de suivi du coronavirus gagnerait à associer les Directions de la santé et les Directions de l'éducation des wilayas. "Des cellules devraient être mises en place pour traiter ces questions", a encore recommandé le porte-parole du Cnapeste qui dira rejeter le fait de laisser dans "le flou" cette question, pour avoir suscité la panique auprès des enseignants de plusieurs établissements qui ont cessé leurs activités jusqu'à la stérilisation totale de l'établissement et l'application des mesures prévues par le protocole sanitaire, à l'instar de la distanciation totale et la mise à leur disposition des moyens de protection (gel, bavettes et gants). Pour autant, notre interlocuteur estime qu'avant le recours aux mesures extrêmes, on devrait plutôt focaliser sur les moyens matériels à fournir pour endiguer cette pandémie dans les écoles. "On ne voit pas qu'il y a une volonté de le faire, tout le monde est en train de fuir sa responsabilité", a-t-il avoué. À noter que le protocole sanitaire applicable au secteur de l'éducation nationale prévoit, entre autres, la désinfection des établissements scolaires, le port obligatoire du masque et la division des classes en groupes ne dépassant pas les 23 élèves, mais reste "vague" quant à la procédure à suivre en cas de contamination des élèves et du personnel.