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Les non-dits
69e partie
Publié dans Liberté le 14 - 11 - 2020

Résumé : Après avoir discuté avec sa mère, Samra rejoint Rédha dans sa chambre. Elle a un élan de compassion en le trouvant assis sur le sol à pleurer. Il demande pardon d'être différent. Il accepte de suivre leur mère qui tient à ce qu'il soit soigné par des raqys. Il est prêt à tout pour obtenir son pardon. Samra décide de les accompagner.
Nedjma s'est levée à l'aube pour prier, puis elle n'est pas retournée au lit. Elle a été voir sa voisine pour lui demander l'adresse d'un raqy. Puis elle retourne chez elle et prépare le petit-déjeuner, mais ni Samra ni Rédha n'y toucheront. Rédha l'évite. Samra comprend qu'il ait honte et veuille qu'elle lui pardonne.
-Yemma, je pense qu'on devrait prendre du recul ! J'ai peur pour lui ! Il te respecte trop pour refuser ! Donne-lui ta bénédiction et pardonne-lui ! Dis-le lui ! Il peut faire sa vie, sans passer entre les mains d'un raqy ! Il va se ressaisir !
-Il n'est pas question de pardon, juste de l'aider à se retrouver ! Si le djinn continue de contrôler sa vie, il finira mal ! On doit l'en débarrasser ! C'est quelque chose que Rédha ne peut pas faire de lui-même ! Je vais l'accompagner et je le laisserais tranquille une fois qu'il sera guéri et maître de son corps et de son esprit !
-Inchallah, dit Samra. Je vais me préparer !
-Mais il n'était pas question que tu nous accompagnes ! Ton travail ? Ton mari ?
-Ça peut attendre ! Mon frère passe en priorité !
-Alors, fais vite !
Moins d'une demi-heure après, ils partent en taxi. Le raqy est connu dans le quartier. Ils trouvent le bâtiment et un vieux assis à l'entrée de la cage d'escalier leur dit de monter au deuxième étage. À l'entrée, une jeune en hidjab les accueille. Elle les guide à une pièce qui doit servir de salle d'attente familiale. Des petits cris leur parviennent. Apparemment, le raqy a déjà reçu "un patient". Samra et Rédha échangent un petit regard inquiet. Nedjma est sereine et confiante.
-C'est pour qui ? Quel est le problème ?
-Wlidi...
-Wesh bik ?, lui demande-t-elle directement.
-Rasso, répond Nedjma en se touchant la tempe.
-Bechfa inchallah !
Elle leur dit qu'ils ont de la chance, car il sera le suivant. Des gémissements leur parviennent. Samra voudrait prendre le bras de son frère et le forcer à partir. Mais la porte du fond s'ouvre et un couple en sort. La femme s'accroche à son mari.
-Allez-y ! Entrez !
Samra voudrait entrer avec eux, mais sa mère lui demande d'attendre dans la salle. Le raqy leur souhaite la bienvenue tout en fermant la porte. Ils s'assoient sur un canapé en face d'un petit bureau où sont ouverts plusieurs livres, dont le Coran. Le raqy prend place. Il interroge Nedjma et Rédha tout en prenant notes. Rédha, parfois, lui répond sèchement. Le raqy confirme les craintes de la vieille mère.
-Il est bien habité. Raho messkoun ! dit-il. Je suis en train de le déranger avec mes questions ! Il sent le danger ! Je vais m'occuper de lui ! Elhadja, je vous vois après !
Il sert un curieux mélange d'huile et d'eau où un papier écrit à l'encre noire repose au fond de la bouteille.
-C'est quoi ?, demande Rédha.
-Une roqya pour commencer. Sois obéissant ! Tout se passera bien ! Bois, bois !
Il invite Nedjma à quitter la pièce.
-Yemma, je pratique le désenvoûtement depuis des années ! Je ne vais pas le ménager ! Si ce djinn refuse de sortir, j'userais de la force ! Vous ne pouvez pas y assister ! Je ne dois pas être dérangé lors de la séance ! Ne venez pas frapper à la porte si vous l'entendez crier ou gémir ! Allah m'a doté de ce pouvoir ! Si Allah me le permet, je guérirais votre fils et vous pourrez finir vos jours en paix !
Nedjma le remercie, puis s'en va rejoindre Samra qui faisait les 100 pas dans la pièce. Même si elle n'y est restée que quelques minutes, Samra a l'impression qu'ils sont à l'intérieur depuis une éternité.
-Prie pour que tout se passe bien ! Samra, je suis confiante. Ce raqy s'y connaît. Il a de longues années d'expérience derrière lui ! Il a dit que nous ne devons surtout pas frapper à la porte si nous entendons Rédha crier ou gémir.
(À SUIVRE)
T. M.
[email protected]
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