Plusieurs anciens otages américains de l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1979 affirment reconnaître le nouveau chef de l'état iranien comme l'un de leurs principaux ravisseurs. Mahmoud Ahmadinejad a-t-il fait partie des étudiants iraniens qui ont retenu en otages pendant 444 jours, 52 Américains en occupant de force la représentation diplomatique des Etats-Unis ? En voyant la photo du nouveau président de la République islamique d'Iran, élu le 24 juin dernier à la suite d'un second tour avec Akbar Hachémi Rafsandjani, 5 des ex-otages affirment l'avoir reconnu. Ils précisent même qu'il faisait partie des ravisseurs les plus zélés pendant toute la durée de la prise d'otages. Certains d'entre eux ajoutent que l'actuel président iranien se chargeait également de l'interrogatoire de quelques-unes des personnes retenues à l'ambassade américaine. Les démentis des milieux officiels iraniens ne semblent pas convaincre l'administration Bush, qui n'hésite pas à soulever “des interrogations sur le passé du nouveau président”. La Maison-Blanche ne s'arrête pas à ce stade seulement. Elle a ordonné l'ouverture d'une enquête sur cette affaire pour obtenir davantage de détails avant de se prononcer définitivement. “Mais son implication soulève de toute évidence de nombreuses questions et quand on sait combien les gens veulent trouver les réponses, je suis sûr que l'on saura”, a déclaré le président américain qui semble convaincu de l'implication d'Ahmadinejad dans cette affaire. “Le nouveau président iranien est un terroriste”, a déclaré au Washington Times le colonel à la retraite Charles Scott, ex-otage âgé de 73 ans. “Dès que j'ai vu sa photo dans le journal, j'ai su que c'était bien le salaud (...). C'était lui l'un des deux ou trois chefs”, a ajouté Charles Scott. William Daugherty, un autre ex-otage, est à “99% sûr que le président iranien a participé à la prise d'otages”. Il se rappelle l'avoir vu agir comme “un responsable ou un conseiller pendant les deux premières semaines et demie” de la captivité. “Il était là au début, il venait interroger les gardes, il contrôlait”. Pour rappel, des étudiants extrémistes iraniens ont pris d'assaut le bâtiment de l'ambassade américaine, le 4 novembre 1979, au lendemain de la Révolution islamique dans ce pays qui avait permis à l'ayatollah Khomeiny de renverser le chah Pahlavi et d'instaurer une république islamique. Cette sombre affaire avait abouti à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Côté iranien, un ancien preneur d'otages dément la version américaine en déclarant : “Autant que je sache, il n'était pas impliqué dans la prise de l'ambassade”. Il ne fait aucun doute que Washington ne ratera pas une si belle aubaine de discréditer le régime des mollahs qu'elle a classé dans l'axe du mal. En effet, toujours en quête d'arguments pour convaincre la communauté internationale de la nécessité de se débarrasser du pouvoir en place à Téhéran, les Etats-Unis tiennent là une occasion en or. Reste à savoir quel crédit il faut accorder aux assertions des anciens otages américains qui ne sont sortis de leur mutisme qu'après l'élection de Mahmoud Ahmadinejad, alors que ses photos étaient diffusées sur les écrans de la majeure partie des chaînes de télévision mondiales depuis qu'il avait officialisé sa candidature à la présidence iranienne. K. ABDELKAMEL