Le ministre des Finances a annoncé, la semaine dernière, que l'Etat envisageait l'ouverture du capital des banques publiques. Après deux premières tentatives infructueuses, autrement inabouties, revoilà la question de la privatisation des banques publiques, présentée par le ministre des Finances comme une des solutions envisagées aux fins de diversifier les ressources financières. La dernière tentative en date d'ouvrir le capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA) via le marché boursier remonte à 2015, lorsque le gouvernement criait sur tous les toits d'Alger sa volonté d'introduire huit entreprises publiques à la Bourse d'Alger. L'absence d'alternatives à la planche à billets, alors que les déficits sont déjà à des niveaux insoutenables, met le gouvernement sous pression et menace de déboucher sur une crise bancaire aiguë. L'argent de la planche à billets avait servi, entre autres, à l'assainissement des banques et des entreprises publiques, lesquelles avaient capté 2 287 milliards de dinars des 6 556 milliards de dinars produits à fin janvier 2019, dont 545 milliards de dinars avaient aidé à sauver la BNA de la faillite. Ce n'est que la face visible de la crise qui secoue le système bancaire algérien qui, depuis quelques années déjà, croule sous les prêts improductifs et les créances sur les grandes entreprises publiques. Depuis peu, la qualité des portefeuilles de certaines banques s'est nettement dégradée en raison des encours importants sur les entreprises appartenant aux patrons faisant l'objet de mesures judiciaires. Les liens macrofinanciers au sein du secteur public ont fini par exacerber les risques de liquidités et les créances sur certaines grandes entreprises publiques sont devenues une source de risque pour les banques publiques. Pour certains banquiers de la place, la privatisation — totale ou partielle — de certaines banques publiques aurait pu être faite il y a de cela plusieurs années. "En l'état actuel des choses, la privatisation des banques publiques ne peut se faire si l'Etat ne fait pas le ménage au sein même de ces banques", estime un banquier qui fait allusion aux mauvaises créances qui minent les banques publiques. "Il est possible de mettre ces créances dans de nouvelles entités pour rendre les banques privatisables. Mais, une fois privatisées, l'on ne pourra plus utiliser ces banques par un simple coup de téléphone et/ou comme un appendice du Trésor", poursuit notre source. Pour certains dirigeants de la place bancaire, le vrai sujet se rapporte à l'absence de solutions face aux déficits qui filent vers des niveaux désormais peu soutenables. D'autant plus que les dépôts des banques ne peuvent plus être canalisés vers le financement du Trésor car se posera le dilemme du financement des entreprise s et de la croissance de l'économie. "Cette approche n'est plus viable", car les arbitrages sont complexes et la marge de manœuvre tend à se réduire. Même si aucune procédure n'est encore enclenchée pour permettre aux banques de l'Etat d'ouvrir leur capital, mais on peut deviner déjà que l'opération vise à renforcer les fonds de certains établissements, très fragilisés par un important niveau d'engagements à long terme dans un contexte de tension sur les liquidités. Cela ne fait que complexifier davantage la gestion des bilans à l'heure où les banques sont appelées à redoubler d'efforts pour faire repartir la croissance.