Les produits des contributions directes et les produits des impôts divers sur les affaires devraient peser pour deux tiers dans les recettes ordinaires de l'Algérie, prévues pour 2021. Les deux niches d'impôts permettraient ainsi d'engranger respectivement plus de 1 251 milliards de dinars et 997,3 milliards de dinars au titre du prochain exercice budgétaire. Cette structure, déjà constatée avant la crise, pourrait à terme fragiliser le système de captation des ressources ordinaires et accentuer, in fine, les tensions budgétaires. Les revenus de la fiscalité ordinaire devraient se contracter en 2021 sous l'effet des conséquences du choc pandémique qui a ébranlé de nombreux secteurs d'activité depuis mars. Après avoir été portée par les apports réguliers de l'IRG-salaire et l'imposition appliquée aux entreprises, la fiscalité ordinaire entamera le prochain exercice avec des prévisions de recettes en forte baisse. Les mauvaises nouvelles affluant du marché de l'emploi et de plusieurs secteurs d'activité, frappés de plein fouet par la crise sanitaire, devraient affaiblir le niveau des recettes issues de la fiscalité ordinaire. Le projet de loi de finances 2021, en attente de validation par le Parlement, anticipe un recul de 14,8% des ressources de la fiscalité ordinaire, comparativement aux prévisions de la loi de finances complémentaire de l'actuel exercice. Les revenus de la fiscalité ordinaire devraient ainsi passer de 4 001,13 milliards de dinars cette année à 3 408,95 milliards de dinars en 2021. À ces vents contraires provenant du marché de l'emploi et des secteurs fragilisés par le choc pandémique s'ajoutera l'effet des restrictions des importations sur les produits des droits de douanes. Dans ce contexte, on ne peut espérer que la fiscalité ordinaire fasse mieux, à moins que l'Etat décide enfin de prendre le taureau par les cornes en ratissant dans les circuits de l'économie informelle aux fins de renforcer l'assiette des cotisants et d'améliorer la collecte de l'impôt. Cela exige également une informatisation du système fiscal, ce qui jusqu'ici tarde à se faire. Tout comme le fléau de l'économie informelle qui fait perdre au Trésor public d'importantes ressources fiscales. Aussi, la fiscalité ordinaire devrait évoluer à des niveaux bas durant les trois prochaines années, à raison de 3 408,95 milliards de dinars en 2021, 3 542,44 milliards de dinars en 2022 et 3 608,49 milliards de dinars en 2023, soit très au-dessous des niveaux constatés durant les années précédentes.