Alors que le gouvernement était plutôt attendu sur le terrain de la rigueur budgétaire et des ajustements, il déjoue les pronostics et décide de casser sa tirelire, probablement pour prendre en charge les dépenses liées à la Covid-19 qui est encore loin d'avoir pris fin. L'avant-projet de loi de finances 2021, examiné par le gouvernement, dimanche, en Conseil des ministres, dont Liberté a eu accès, prévoit un budget de fonctionnement record, alors que les dépenses d'équipement n'ont que peu évolué comparativement au budget de l'actuel exercice. Ce n'est donc pas une politique d'austérité. Ce n'est pas non plus une politique volontariste au bénéfice de l'investissement et de la relance. Au plan des dépenses de fonctionnement, l'avant-projet de loi de finances 2021 est celui des records, présentant un budget de fonctionnement de 5 314,5 milliards de dinars au titre du prochain exercice, contre une dépense de 4 893,4 milliards de dinars cette année, marquant ainsi une hausse de 421,1 milliards de dinars. Alors que le gouvernement était plutôt attendu sur le terrain de la rigueur budgétaire et des ajustements, aussi nécessaires qu'indispensables pour la viabilité des finances publiques, voilà qu'il déjoue les pronostics et décide de casser la tirelire, probablement pour prendre en charge les dépenses liées à la Covid-19 qui est encore loin d'avoir pris fin. Même s'il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts sur les finances publiques, le budget 2021 dédié au chapitre du fonctionnement ne lève qu'un pan de voile sur ce que sera la facture de la pandémie en 2021. Au chapitre des dépenses d'équipement, le cap est maintenu avec, au tableau, un budget de 2 798,5 milliards de dinars sous forme de dépenses d'équipement à caractère définitif et 1 882,1 milliards de dinars dédiés aux opérations de réévaluation du programme en cours et des programmes neufs. Les dépenses d'équipement enregistrent un net rebond par rapport aux dotations prévues pour cette année, dont les crédits de paiement se situaient à 2 879,7 milliards de dinars, alors que les dépenses injectées dans la réévaluation et les programmes neufs étaient d'environ 600 milliards de dinars. L'avant-projet de loi de finances 2021 marque ainsi le retour aux politiques d'expansion budgétaire sur fond de crise financière et sanitaire, exigeant d'importants efforts financiers autant à l'adresse de l'économie qu'au bénéfice des administrations et entreprises publiques ainsi que des ménages. Le rabotage des budgets, la réforme des subventions et de l'action sociale de l'Etat peuvent encore attendre. Le moment n'est probablement pas opportun. Au plan des recettes, l'avant-projet de loi de finances 2021 table sur des revenus de 3 408,9 milliards de dinars issus de la fiscalité ordinaire, alors que les recettes de la fiscalité pétrolière devraient culminer à 1 919,2 milliards de dinars, selon les prévisions arrêtées dans le budget 2021. Le total général des recettes s'établit ainsi à 5 328,1 milliards de dinars, soit bien en dessous des dépenses, ce qui devrait générer un déficit record cette année. En effet, le déficit budgétaire devrait caracoler à plus de 4 600 milliards de dinars, un record absolu, dû essentiellement à la hausse des dépenses, alors que les recettes connaissent une importante baisse par rapport à l'exercice actuel sous l'effet de la baisse des cours du brut sur le marché mondial ainsi qu'au ralentissement de l'activité économique. Le déficit du Trésor et la dette publique devraient également s'inscrire en hausse compte tenu des besoins de financement, résolument croissants, alors que les disponibilités financières s'amenuisent dangereusement. Dans cet environnement financier extrêmement tendu, le gouvernement semble avoir fait le choix de la dépense, visant à la fois la couverture de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur les finances publiques et le rebond de l'activité en relançant à nouveau l'investissement budgétaire qui, il est utile de le signaler, tire l'essentiel de la croissance hors hydrocarbures. Nous y reviendrons ! Ali Titouche