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15 ans de prison ferme requis contre Zoukh
son procès s'est ouvert hier au tribunal de tipasa
Publié dans Liberté le 29 - 11 - 2020

Après plusieurs reports, le procès de l'ex-wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, s'est ouvert hier au Tribunal de Tipasa. L'ancien responsable est accusé de corruption dans une affaire liée à l'attribution d'assiettes foncières à des personnalités influentes de l'ère Bouteflika. Il encourt une peine de 15 ans de réclusion.
Pour répondre à de nombreuses zones d'ombre entourant la gestion du foncier industriel de la capitale depuis une dizaine d'années, l'ancien wali d'Alger était notamment poursuivi dans une affaire liée à l'attribution du foncier industriel et d'autres avantages à des membres de la famille d'Abdelghani Hamel, ancien directeur général de la Sûreté nationale, DGSN, présent, hier, comme témoin. Le membre du clan des Hamel qui est le plus cité dans cette affaire est la fille, Chahinez Hamel. Cette trentenaire, qui comparaissait libre, est déjà condamnée à trois (3) ans de prison dans une précédente affaire concernant sa famille.
Les faits : en 2014, la jeune femme, diplômée d'architecture, crée l'entreprise Easy Construction. Quelques semaines plus tard, elle dépose un dossier pour un projet d'investissement portant sur l'édification d'un hôtel de luxe et d'une tour d'habitations auprès de la Direction de l'industrie et des mines.
Les autorités étudient le dossier et en à peine un mois, elle obtient un avis favorable des services de la wilaya. Puis, par miracle, la jeune femme, sans expérience professionnelle, — hormis un "stage" effectué chez un entrepreneur, de l'aveu même de son père, Abdelghani Hamel —, obtient une assiette foncière dans le quartier d'affaires de Bab Ezzouar, l'un des endroits les plus convoités de la capitale.
L'Agence de gestion et de régulation foncière de la wilaya d'Alger (Agerfa), qui gère le site, donne tout de suite son quitus. Si la défense d'Abdelkader Zoukh et Chahinez Hamel ont plaidé que l'assiette d'un peu plus de 7 000 m2 était destinée "à un vrai projet d'investissement", ni l'accusée ni les responsables des administrations qui gèrent le foncier dans la capitale, n'ont pu, en revanche, justifier les raisons de l'attribution d'une assiette foncière pour un projet sans le paiement des redevances nécessaires.
Pis encore, depuis 2014, le projet n'a jamais vu le jour. Une situation "anormale", admet Abdelkader Zoukh qui s'est défaussé sur les autres responsables qui composent les commissions de suivi après que le juge lui a demandé les raisons qui l'ont empêché à ne pas adresser des mises en demeure aux investisseurs qui ont enregistré des retards dans le paiement des charges.
"Non, ce n'était pas moi..."
À cause d'une telle défaillance, dont le tribunal de Tipasa (qui a traité le dossier du fait qu'Abdelkader Zoukh ne pouvait être jugé dans la wilaya où il exerçait) n'a pu démêler l'écheveau, Chahinez Hamel doit toujours aux services fiscaux la bagatelle de vingt-six (26) millions de dinars et cent quarante (140) millions de dinars (14 milliards de centimes) aux services de la wilaya d'Alger en guise d'arriérés jamais payés comme frais de viabilisation. Interrogé par le juge pour s'expliquer sur ces retards — qui concernent également d'autres hommes d'affaires parmi lesquels Tahkout, Haddad... — Abdelkader Zoukh s'est dit "ignorer". Puis, il jette la balle, une nouvelle fois, dans le camp des responsables et des membres des commissions de suivi dont des fonctionnaires de différentes agences et directions de la wilaya d'Alger. "Ce sont des questions techniques", s'est-il défendu. Devant l'insistance du juge qui lui fait remarquer qu'en plus de n'avoir pas payé les redevances et les charges nécessaires, Chahinez Hamel n'a jamais réalisé son projet, Abdelkader Zoukh, visiblement acculé, concède : "Oui, ce n'est pas normal." Quelque peu agacé, le juge lui rappelle que c'est lui qui "signait" les décisions.
Incapable de justifier les instructions données aux responsables locaux pour ne pas inquiéter les investisseurs indélicats qui ont refusé de payer les charges et taxes, Abdelkader Zoukh a expliqué que les concernés "trouvaient les prix de la viabilisation élevés". Le juge l'interrompt et l'interroge : "C'est raisonnable. Mais comment expliquez-vous que ces gens-là ont obtenu des concessions de domaine public sans avoir à payer ne serait-ce qu'un centime au préalable, comme l'exige la loi ? Et puis, un investisseur sérieux renonce au terrain lorsqu'il observe que les charges sont très lourdes !." Abdelkader Zoukh acquiesce et admet que cela n'était "pas normal" mais se défausse sur les autres responsables. "Mon but était de créer des investissements pour créer de l'emploi", s'est-il défendu de nouveau avant d'ajouter : "Wallah, que je n'ai jamais cherché à m'enrichir ou à enfreindre la loi."
Appelée à la barre comme témoin, Chahinez Hamel a justifié le retard pris dans la réalisation de son projet par son état de santé, "une grossesse", des poursuites judiciaires et le blocage des comptes de la fratrie Hamel. "J'ai arrêté de payer en 2018 depuis que mes comptes et ceux de mes frères ont été bloqués", a-t-elle indiqué. Au juge qui lui demandait d'expliquer le retard pris dans la réalisation du projet, la jeune femme a indiqué qu'elle "avait la fait clôture", avant de se ressaisir. "J'étais tombée malade, puis je me suis mariée et j'ai accouché. Mais depuis que je me suis rétablie et repris mes forces, la justice ne nous a jamais laissés tranquilles !", a-t-elle fulminé, avec une voix à peine audible. "Je n'ai même pas eu le temps de me désister de la concession", a-t-elle fini par répondre. Mais elle et son père, ramené de prison et visiblement malade, ont nié une quelconque intervention d'Abdelkader Zoukh en leur faveur.
Les logements sociaux, des locaux et la Q7
Dans le lot des avantages accordés à la famille Hamel, il n'y a pas que cette assiette de terrain. La fille, Chahinez, a obtenu un logement social participatif (LSP) à Ouled-Fayet, l'épouse a bénéficié d'un local (800 m2) pour réaliser un projet de crèche et l'un des garçons, Chafik, obtient, "à son insu", un logement social à la cité Zerhouni-Mokhtar (les Bananiers). Une nouvelle fois, Abdelakder Zoukh avance qu'il ne savait rien de tout cela. Il jette la balle dans le camp du directeur de l'OPGI de l'époque, Mohamed Rehaïmia. Ce dernier, qui intervenait par visioconférence depuis la prison de Koléa où il est détenu, n'a pas nié l'attribution de ces biens, mais il a expliqué avoir fait cela à la demande "du wali et ses services" qui, parfois, "m'appelaient de nuit". Mais il assure que cela est prévu par la loi qui donne le droit aux walis d'attribuer des "logements avant même que les dossiers soient complets".
C'est ainsi que Chafik Hamel a découvert, "surpris", selon le juge, qu'il avait bénéficié d'un logement social "alors qu'il n'a rien demandé". "Il est allé voir son logement à bord d'une Audi Q7", a fait remarquer le juge, un peu taquin, pour rappeler qu'il ne fait pas partie des catégories sociales qui nécessitent ce genre de logement. Chahinez Hamel, elle aussi, a obtenu un logement, alors qu'elle avait déjà acquis un appartement chez un promoteur privé. "Nous travaillons sur la foi d'une déclaration sur l'honneur", a tout simplement expliqué Mohamed Rehaïmia, tandis que la concernée a répondu par un hochement de tête ! Abdelghani Hamel, lui, a fait mine de n'être pas au courant.
"Non, je savais juste que mon fils cherchait à acheter un appartement !", s'est-il défendu, tout en niant tout contact avec le directeur de l'OPGI, ni avec Abdelkader Zoukh.
Il aura la même attitude lorsqu'il sera interrogé sur l'acquisition, par sa femme, d'un local de 800 m2 à Ouled-Fayet (dans un ancien dossier, on évoquait 10 locaux). "Je me suis effectivement déplacé sur les lieux lorsqu'on a commencé à évoquer le dossier dans la presse. J'ai même exprimé mon opposition à la réalisation du projet" de réaliser une crèche parce que "le lieu est un dépotoir public", dit Hamel. Sa femme, interrogée après lui, le contredira : "Bien sûr que comme dans tout projet familial, mon mari est venu voir, et il était d'accord !" Interrogé sur le prix de vente anormalement bas du local (au lieu de 120 000 DA, elle a payé 22 000 DA le m2 ), l'ancien directeur de l'OPGI l'attribue à une "révision des prix à la baisse après que les citoyens ont refusé d'acheter des locaux qui sont en plus situés à l'intérieur de la cité".
Dans son réquisitoire, le procureur de la République a accusé Abdelkader Zoukh de visées "criminelles" et lui a prêté une "volonté" de "dilapider" les biens publics en "octroyant" d'indus avantages "à des personnes bien placées" au "détriment de l'économie nationale". "Ces gens-là ont bénéficié des avantages qui auraient pu aller à de vrais investisseurs", a enfoncé le procureur qui a demandé d'appliquer la peine maximale de 15 ans de prison, assortie d'une amende de 1 million de dinars. Il a également requis la "saisie de tous les biens". Il s'est appuyé sur les aveux de l'ancien directeur de l'Agerfa qui a révélé que les dettes de ces "investisseurs" avaient dépassé les 300 milliards de centimes. "Malgré cela, Zoukh avait demandé de cesser les poursuites et les mises en demeure au moment des faits", raconte Yazid Yaker, directeur de l'Agerfa.
Un réquisitoire qui a poussé les avocats d'Abdelkader Zoukh à plaider la relaxe parce que, à leurs yeux, leur mandant a été "traîné dans la boue" et "accusé sur les réseaux sociaux avant la justice". Ils ont également chargé les autres responsables et nié toute "mauvaise foi" attribuée à Abdelkader Zoukh, qui lui-même a plaidé "non coupable". Il le fera en fin de journée dans d'autres dossiers liés à des avantages accordés à Ali Haddad et à Mahiedine Tahkout. Le verdict est attendu pour le samedi 12 décembre.
Ali Boukhlef


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