Outre John Bolton, nombreux sont les hauts responsables politiques américains à dénoncer la décision de Donald Trump concernant le conflit sahraoui. Après avoir dénoncé en début de semaine la décision de Donald Trump au sujet de sa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, l'ancien conseiller à la sécurité du président américain, John Bolton, a estimé que les pays de la région, dont l'Algérie, auraient dû être consultés par les Etats-Unis, lit-on dans une tribune qu'il a publiée sur le journal en ligne Foreign Policy. Qualifiant la décision du locataire de la Maison-Blanche d'"irréfléchie", M. Bolton affirme que "Trump n'a consulté ni le Front Polisario – qui représente depuis longtemps les Sahraouis – ni l'Algérie et la Mauritanie, les pays voisins les plus concernés, ni personne d'autre". L'ancien chef du National Security Council (NSC), comme d'autres hauts responsables politiques américains, désapprouve la démarche de Trump, dont le mandat a été marqué par des décisions unilatérales qui ont remis en cause des décennies de politique étrangère américaine, concernant certains dossiers. "L'approche désinvolte (de Trump) visant à annoncer une autre victoire superficielle provoquera d'importants problèmes de stabilité au Maghreb", a-t-il expliqué. "C'est ce qui se produit lorsqu'un amateur prend en main la diplomatie américaine", a-t-il relevé, accusant Trump d'être incapable de traiter des questions politiques complexes et d'avoir une propension à faire des "deals", faisant allusion à son profil d'homme d'affaires. "J'étais dans le bureau ovale le 1er mai 2019, lorsque le sénateur d'Oklahoma (James Inhofe) expliquait pourquoi il était en faveur d'un référendum. Trump lui dit alors qu'il n'avait jamais entendu parler du Sahara occidental, et Inhofe répondit : Nous en avons déjà parlé mais vous ne m'écoutiez pas", raconte Bolton. "La reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine (sur le Sahara occidental) mine dangereusement des décennies d'une politique américaine soigneusement mise en place", a insisté John Bolton, qui a quitté son poste en 2018, après des mois de relations conflictuelles avec Trump concernant plusieurs dossiers chauds sur le plan international. Son compatriote et ancien envoyé spécial du SG de l'ONU au Sahara occidental, Christopher Ross, n'a pas été non plus tendre avec Donald Trump qu'il accuse de saper trente ans de travail de la diplomatie américaine, en violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité onusien, considérant ce dossier comme une question de décolonisation. Mais avec l'arrivée de Joe Biden à la tête du pays, il y a possibilité de revenir sur la décision de Trump, suggère M. Bolton dans sa contribution. "La meilleure chose à faire pour Biden dès son investiture serait d'annuler la décision relative à la souveraineté marocaine. Ce ne sera pas facile, étant donné les attentes, mal inspirées, du côté de Rabat et (d'Israël). Si Biden veut faire un revirement de 180 degrés, il devra le faire immédiatement après son installation, cela minimisera les dommages", a soutenu Bolton, accusant ouvertement l'occupant marocain du Sahara occidental d'avoir bloqué toute solution politique pour la résolution du conflit, en empêchant, avec le soutien de la France, la tenue du référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, comme cela avait été décidé dans l'accord de cessez-le-feu onusien de 1991. Cet accord a volé en éclats le 13 novembre dernier après sa violation par Rabat qui s'est attaqué à des civils sahraouis manifestant pacifiquement dans la zone tampon de Guerguerat.