Après la suspension des anciens maires de Béjaïa et de Tichy, d'obédience FFS, le Wali de Béjaïa, Ahmed Maâbed, vient d'actionner l'appareil judiciaire contre plusieurs élus locaux, dont la dernière plainte a ciblé le président de l'Assemblée populaire communale (P/APC) de Chemini, Madjid Ouddak. En effet, l'édile communal de Chemini, connu pour être un militant actif au sein du RCD et engagé dans le mouvement populaire du 19 février 2019, affirme avoir fait l'objet d'une plainte déposée par le wali auprès du tribunal administratif de Béjaïa. "Le wali de Béjaïa vient de me notifier par l'intermédiaire d'un huissier une action de justice à mon encontre, m'accusant d'avoir octroyé un agrément à une association socioculturelle présidée par un partisan du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). L'affaire est programmée pour le 23 décembre prochain au tribunal administratif", a fait savoir M. Ouddak qui qualifie cette action de justice d'"une intimidation de trop !" Le maire de Chemini soutient que la procédure administrative visant à délivrer un agrément à ladite association locale, "ne souffre d'aucun vice de forme ou autres irrégularités, puisque tous les membres fondateurs répondent aux conditions d'éligibilité fixées par la réglementation en vigueur". À noter que le président de l'association Ithri n tlelli, Tarik Chiboub, est également poursuivi en justice, suite à un rapport des services de sécurité, a indiqué M. Ouddak. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le Comité de défense des libertés (CDL) de Béjaïa apporte son soutien au P/APC de Chemini et l'exhorte à "rester toujours aux côtés du mouvement associatif et à respecter les opinions politiques ou religieuses de leurs membres". "Le maire n'a pas à agir sur la base de préjugés politiques", estiment les rédacteurs dudit document. Par ailleurs, il est à souligner que le wali de Béjaïa a également porté plainte contre d'autres élus locaux, à l'image de Boualem Chouali, membre de l'APC de Béjaïa et de Foudil Challane, élu FFS à l'APC d'Adekar, poursuivis en diffamation. "Le wali de Béjaïa m'a esté en justice pour avoir dénoncé le laxisme et la léthargie des autorités locales, y compris les institutions élues dont je fais partie, par rapport aux fermetures de route. En effet, j'ai dénoncé la passivité et le laisser-aller du premier responsable de la wilaya face au calvaire que vivent quotidiennement nos concitoyens", affirme M. Chouali, élu sur la liste indépendante "Ensemble pour Bougie", qui avait occupé l'année dernière le poste de vice-président de l'APC de Béjaïa, avant de claquer la porte de l'exécutif communal, au lendemain de la suspension par l'actuel wali de l'ex-P/APC Hocine Merzougui. Maintenant ses accusations contre le chef de l'exécutif de wilaya, Boualem Chouali dénonce "la politique de deux poids, deux mesures" du wali de Béjaïa qui, selon lui, "se permet de suspendre des élus locaux sur la base de poursuites judiciaires parfois infondées, tandis que certains élus, issus des partis du pouvoir et ayant fait l'objet de condamnations par la justice, sont épargnés". Il cite, à titre d'exemple, une élue FLN à l'APW de Béjaïa qui a écopé d'une peine de 18 mois de prison ferme sans pour autant être inquiétée. De son côté, l'élu FFS à l'APC d'Adekar fait état, à travers sa page Facebook, de son audition par les services de la police judiciaire relevant de la sûreté de wilaya, suite à deux dépôts de plainte, l'une par le wali et l'autre par le parquet général de Béjaïa. Il affirme avoir été poursuivi pour ses publications sur Facebook, dans lesquelles il a critiqué la gestion du wali de Béjaïa.