La Russie et la Turquie vont poursuivre leur coopération militaire, malgré les sanctions américaines visant Ankara, membre de l'Otan, qui a acquis un système de défense anti-aérienne russe, a affirmé hier le chef de la diplomatie russe. "Nous avons confirmé avec la Turquie notre objectif mutuel de développer notre coopération technique militaire", a dit Sergueï Lavrov, recevant son homologue turc Mevlut Cavusoglu en Russie. Le responsable russe a souligné que le président Vladimir Poutine appréciait la détermination de la Turquie à "poursuivre la coopération dans ce domaine, malgré la pression illégitime de Washington". Les Etats-Unis avaient annoncé mi-décembre des sanctions contre la Turquie pour son acquisition du système de défense anti-aérienne russe S-400. Washington interdit désormais l'attribution de tout nouveau permis d'exportation d'armes à l'agence gouvernementale turque en charge des achats d'armements, et interdit l'entrée sur le territoire américain aux dirigeants de cette entité. Le président Recep Tayyip Erdogan y a vu une attaque contre la "souveraineté" de la Turquie. La Russie et la Turquie, bien que rivales sur de nombreux dossiers – Syrie, Libye, Caucase –, se targuent d'entretenir des relations constructives, notamment du fait des bons rapports entre MM. Poutine et Erdogan. Le rapprochement russo-turc ces dernières années est vu d'un mauvais œil en Occident, qui voit un membre de l'Otan s'armer auprès d'un rival géopolitique de premier plan. M. Lavrov a insisté sur le fait que les "sanctions occidentales" n'influencent pas la relation entre deux pays "guidés par leurs intérêts nationaux".