Les rebelles turkmènes en Syrie ont le soutien d'Ankara Le fait est que, soufflant le chaud et le froid, la Russie rassure sur les suites qu'elle entend donner à cet incident «totalement inacceptable» mais annonce, dans le même temps, qu'elle va «sérieusement réévaluer» les relations avec la Turquie. Le second pilote de l'avion russe Su-24, abattu mardi par deux F16 turcs, a été secouru grâce à une opération spéciale menée par les forces syriennes appuyées par les militaires russes, selon des indications communiquées par le ministre russe de la Défense qui signale la mort d'un soldat russe au cours de ce sauvetage. En parallèle, malgré de vives réactions du président Poutine et du ministre russe des Affaires étrangères, le ton était à l'apaisement après les multiples appels de Washington et de l'Otan au «calme et à la prudence» pour éviter toute escalade. En écho, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a indiqué que la Russie «ne fera pas la guerre» à la Turquie pour répondre à ce qui est qualifié de «provocation planifiée», voire même de «coup de poignard dans le dos» porté «par les complices du terrorisme». Il a certes observé que Moscou «a de sérieux doutes sur le fait qu'il s'agisse d'un acte spontané, cela ressemble beaucoup à une provocation planifiée», mais en assurant que «les relations avec le peuple turc n'ont pas changé», il a du même coup étayé son discours sur la volonté de son pays qui n'a «absolument aucune intention de provoquer une escalade après cette affaire». Cela étant, Lavrov s'est entretenu avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, qui a «tenté de justifier les décisions de l'armée de l'air turque» qui reproche au chasseur-bombardier «le survol de l'espace aérien turc pendant 17 secondes», contraignant celle-ci à réagir pour protéger le territoire. Le fait est que, soufflant le chaud et le froid, la Russie rassure sur les suites qu'elle entend donner à cet incident «totalement inacceptable» mais annonce, dans le même temps, qu'elle va «sérieusement réévaluer» les relations avec la Turquie. Cet accrochage est le plus grave depuis le début de l'intervention militaire russe en Syrie fin septembre et il a provoqué une crise véritable entre Moscou et Ankara qui avait, aussitôt après la frappe de l'appareil russe, un Sukhoï 24, demandé une réunion de toute urgence de l'Otan dont ce pays est membre. Parmi les différentes mesures de rétorsion envisagées par la Russie, figure l'appel lancé aux agences de tourisme et aux citoyens d'éviter la Turquie, aussi sujette «au terrorisme que l'Egypte» mais c'est surtout l'annonce d'un déploiement prochain sur la base de Hmeimim en Syrie des systèmes de défense antiaérienne S-400, une mise en garde explicite aux avions turcs qui seraient tentés de rééditer leur frappe d'avant hier. Le déploiement de ces batteries antimissile de dernière génération va effectivement changer la donne, surtout avec l'arrivée du croiseur anti-missiles Moskva fortement équipé en systèmes antiaériens d'autant plus que les bombardiers seront désormais accompagnés dans leurs missions par des chasseurs. Cerise sur le gâteau syrien, Moscou appuie fortement la proposition du président français François Hollande de fermer la frontière turco-syrienne afin d' «arrêter le flux de combattants» jihadistes, considérant que cette fermeture est réellement suffisante pour mettre fin à la menace terroriste en Syrie. Réagissant le lendemain de l'attaque du S24 par les F16 turcs, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré au terme d'un entretien téléphonique avec Sergueï Lavrov que la Turquie adresse un «mauvais message aux groupes terroristes» alors que la situation nécessite «une lutte internationale unie» «Cet acte montre, une fois encore, le caractère sensible de la situation en Syrie et son effet sur la paix et la sécurité mondiales, ainsi que la nécessité d'une lutte internationale unie pour combattre le terrorisme», a déclaré M.Zarif avant de mettre en garde sur le fait que «de tels actes peuvent mener à une escalade». Enfin, dans la journée d'hier, plusieurs centaines de manifestants à Moscou ont jeté des pierres et brisé des vitres de l'ambassade de Turquie pour protester contre ce «coup de poignard dans le dos» dont on peut penser qu'il va, bon gré mal gré, impacter les relations entre la coalition internationale emmenée par les Etats Unis, très circonspects à l'égard de la position russe, et l'axe Russie-Iran qui demeure l'allié intransigeant du président syrien Bachar al Assad.