La problématique des déficits cumulés des entreprises publiques qui pèsent sur les banques publiques est posée depuis longtemps. Le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, a indiqué, lundi, que des mesures seront prises "dans les plus brefs délais", pour relancer l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) en arrêt technique depuis le 1er décembre dernier. "Le dossier est en cours d'examen et il sera tranché au cours de cette semaine", a-t-il annoncé, précisant que le groupe fait face à des dettes d'exploitation de 13 milliards de dinars. Le cas de l'Eniem est, en réalité, loin d'être isolé. Le ministre de l'Industrie a précisé que des centaines d'entreprises publiques sont dans la même situation que l'Eniem. Ferhat Aït Ali Braham a affirmé que la même solution sera préconisée pour l'Enie, Sonaric et tous les opérateurs publics activant dans le secteur de l'électronique et de l'électroménager. La problématique des déficits cumulés des entreprises publiques qui pèsent sur les banques publiques est posée depuis longtemps. Mais rien n'a été fait pour permettre l'édification d'un appareil de production compétitif. Beaucoup d'entreprises consomment de la richesse sans en créer. L'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, dans son livre L'Algérie, sortir de la crise, publié en 2015, relevait que "les nombreuses et importantes mesures financières adoptées depuis vingt-cinq ans n'ont pas réglé les problèmes structurels des entreprises publiques, alors que leur coût pour le Trésor avait déjà dépassé les 35 milliards de dollars". De son côté, l'actuel argentier du pays, Aymen Benabderrahmane, a reconnu que "les entreprises nationales ont bénéficié d'un fonds d'assainissement qui dépasse les 1 000 milliards de dinars depuis plus d'une dizaine d'années. Mais le résultat est là". Il a annoncé qu'"un cahier des charges sera mis en place entre le Trésor public, les banques publiques et le tissu industriel public". Selon le FMI, les créances sur certaines grandes entreprises publiques sont une source de risque pour certaines banques publiques. "Les liens financiers entre les entreprises publiques, d'autres entités du secteur et les banques publiques sont multiples et constituent des canaux d'interaction systémique, l'administration centrale servant souvent d'intermédiaire", a relevé le FMI. L'institution financière internationale a alerté sur le fait que les liens macrofinanciers au sein du secteur public risquent d'exacerber l'impact des risques budgétaires ou de liquidités qui peuvent se manifester à n'importe quel niveau de ce secteur. Ainsi, selon le FMI, les difficultés rencontrées par une entreprise publique donnée peuvent se propager, de façon directe ou par l'intermédiaire d'autres entités, aux banques publiques et/ou à l'administration. Les pouvoirs publics, qui jouaient les pompiers il y a quelques mois, semblent décidés à régler sur d'autres bases les problèmes du secteur public marchand. Le ministre des Finances a averti qu'"il n'est plus question d'injecter des fonds sans être regardants sur le mode de gouvernance et sur le mode de gestion". Le ministère de l'Industrie a demandé, de son côté, aux groupes publics, des plans de restructuration.