Tout en concédant indirectement sa défaite devant Joe Biden, Donald Trump continue de dire qu'il y a eu fraude au scrutin du 3 novembre 2019. Ses agissements resteront comme une épine dans le pied de la démocratie américaine, qui sort toutefois renforcée de cette bataille politique qui a viré à la violence. Des démissions en cascades à la Maison Blanche et lâchage en règle par des hauts responsables du Parti républicains, dont il est issu : le président américain Donald Trump risque la destitution à une dizaine de jours de la fin chaotique de son mandat, au lendemain des grave incidents provoqué mercredi soir par ses partisans au Capitole, où se tenait la séance de certification par les sénateurs de la victoire de son rival démocrate Joe Biden. Des incidents qui ont fait jusqu'à maintenant 5 morts, dont un policier, et plus d'une cinquantaine de blessés, selon un bilan officiel. Malgré la vidéo qu'il a diffusée dans la nuit de jeudi à hier, dans laquelle il promettait une "transition ordonnée et sans accrocs" le 20 janvier prochain, Donald Trump est dans l'œil du cyclone, les démocrates exigeant de son vice-président Mike Pence d'appliquer l'amendement 25 pour obtenir sa destitution. Même si son ancien conseiller à la sécurité, John Bolton, qualifie de "ridicule" cette option, à quelques jours de la fin du mandat de Trump, la possibilité de destitution, la deuxième si elle venait d'être lancée durant son mandat, semblerait faire son chemin, y compris dans son propre camp, ont rapporté les médias américains, citant des sources sous le couvert de l'anonymat à la Maison-Blanche. "Les actes dangereux et séditieux du président nécessitent sa démission immédiate de ses fonctions", a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants (Parlement américain), Nancy Pelosi, et le sénateur démocrate, Chuck Schumer, dans un communiqué, jeudi soir, accusant Trump d'inciter à une "insurrection". Hier, la vice-présidente de la Chambre basse et élue démocrate du Massachussetts, Katherine Clarck, a assuré à la chaîne d'information CNN que son parti était prêt à aller jusqu'au bout de sa demande de destitution contre le président sortant en début de cette semaine. Mea culpa tardif Depuis deux mois, le président a adopté un discours violent à l'égard de ses adversaires démocrates, ressassant ses accusations de fraudes à la présidentielle du 3 novembre, bien que la Justice et les institutions chargées des élections aient toutes rejetées ses recours dans les Etats contestés. M. Trump est resté sur cette lancée jusqu'à mercredi, lors d'un discours devant ses partisans, qu'il a appelés à envahir le Capitole où se tenait une séance de certification de la victoire de Joe Biden, provoquant le chaos à l'intérieur de cette institution hautement symbolique de la démocratie américaine, et une vague de choc à travers le monde. Mais jeudi soir, dans une vidéo de cinq minutes, Donald Trump change de ton, en condamnant ces violences et en s'engageant à assurer une passation du pouvoir dans l'apaisement. "Les manifestants qui ont infiltré le Capitole ont souillé le siège de la démocratie américaine", a déclaré Trump dans cette vidéo, lançant à l'adresse des manifestants qui ont envahi le Capitole : "À ceux qui se livrent à des actes de violence et de destruction : vous ne représentez pas notre pays. Et à ceux qui ont enfreint la loi : vous paierez." Ce mea culpa n'a, toutefois, pas empêché de nouvelles démissions dans son cabinet, dont la secrétaire américaine aux transports, Elaine Chao, et la secrétaire à l'éducation, Betsy DeVos, qui ont quitté le navire jeudi, ainsi que son ancien chef de cabinet, Mick Mulvaney, qui a démissionné de son poste actuel d'envoyé spécial en Irlande du Nord. Matt Pottinger, le conseiller adjoint à la sécurité nationale de Trump, a aussi démissionné pendant les événements de mercredi, tout comme Ryan Tully, directeur principal des affaires européennes et russes au Conseil de sécurité nationale. Tyler Goodspeed, chef par intérim du Conseil des conseillers économiques, a également démissionné, a déclaré une personne proche du dossier, a rapporté Bloomberg. Beaucoup d'autres responsables de la Maison-Blanche ont préféré rester en poste pour assurer la transition, expliquent-ils. Si pour Donald Trump, l'épisode de sa présidence est quasiment fini, les conséquences de ses agissements auront des répercussions catastrophiques sur les Républicains et leur parti. Quant à Joe Biden, il aura pour défi de réconcilier des Américains plus que jamais divisés.
Trump annonce qu'il n'assistera pas à la prestation de serment de Biden Le président américain Donald Trump a annoncé, hier, dans un tweet laconique, qu'il n'assisterait pas à la prestation de serment de son successeur Joe Biden. "À tous ceux qui ont demandé, je n'assisterai pas à la prestation de serment le 20 janvier", a-t-il écrit sur son compte Twitter qui avait été bloqué durant 12 heures, à la suite de ses déclarations qui ont incité ses partisans mercredi à violer l'enceinte du Capitole où se tenait une séance du Congrès pour la certification des résultats de la présidentielle du 3 novembre 2020. Au vu des événements qui se sont succédé depuis cette élection, il était prévisible que Donald Trump boycotte la cérémonie d'investiture de Joe Biden, lui qui continue à dénoncer des fraudes sans en apporter la moindre preuve tangible devant la justice et les institutions chargées de la surveillance du scrutin. Lyès Menacer