Hier, porté au pinacle par la population et ses pairs au sein de la CADC, aujourd'hui affublé du honteux quolibet de… “harki”. Terrible sort d'un délégué dont la chute a été brutale. Journaliste de profession, animateur du mouvement des archs d'adoption… Mustapha Mazouzi, l'une des figures de proue de la coordination des comités de quartiers de Tizi Ouzou, mais aussi de l'interwilayas, vient, brusquement, de claquer la porte de la structure qu'il animait avec son ami Belaïd Abrika, la CADC. Pour un coup de théâtre, c'en est vraiment un dans la mesure où ce délégué comptait parmi les irréductibles du mouvement citoyen, qui ont sacrifié, travail, famille et loisirs pour se consacrer quasi exclusivement au “sport national” de la Kabylie : Pousser le pouvoir jusqu'à ses derniers retranchements pour la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Mais pour engagé qu'il était, ce délégué n'a pas pu résister aux tirs groupés qu'il a essuyés ces derniers temps de la part de ses pairs au sein de la CADC. De guerre lasse, Mustapha Mazouzi a décidé de quitter cette structure qu'il animait et fréquentait depuis 20 longs et douloureux mois. Lors du dernier conclave tenu à Tizi Rached, il a démissionné publiquement face “aux terribles pressions” dont il dit faire l'objet. Sans que personne tente de le raisonner. Cela lui fait très mal. “À part les membres de la coordination de Larbâa Nath Irathen et ceux de Makouda, mon village natal, personne n'a essayé de me retenir”, affirme-t-il, désemparé. Pour ce “militant” invétéré du mouvement citoyen, la “chute” a été terrible. Jadis, porté au pinacle par la population et ses camarades de la coordination qui lui vouaient respect et admiration pour son courage et même son héroïsme, Mazouzi, se réveille groggy devant ces graffitis, insoupçonnés, peints sur les murs de Tizi, et qui le proclament : “traître” et “harki”. Quel triste sort que celui de ce délégué qui n'a à présent que ses yeux pour pleurer devant l'affront qu'il vient de subir. Hier, Mustapha Mazouzi avait la gorge nouée au téléphone. Nouée par ce gros chagrin de se voir, subrepticement, traîné dans la boue et sur les murs par ceux-là mêmes qui lui témoignaient déférence et gratitude, il y a seulement quelque temps. Pourquoi cette démission ? Le désormais ex-délégué de Tizi Ouzou, qui ne veut pas faire “de procès d'intention à mes frères de combat”, il y a “une volonté de pousser les délégués radicaux vers la porte de sortie”. Il en veut pour preuve qu'il a été sévèrement critiqué lors d'un récent conclave tenu à Aït Oumalou pour avoir été absent à un sit-in de la CADC… Un motif qui est loin de convaincre le concerné qui dit être toujours à la pointe de toutes les actions menées sur le terrain au moment où, accuse-t-il, “certains délégués conclavistes se contentent d'assister aux réunions”. Mazouzi n'hésite pas à parler de “dysfonctionnements” dans le mouvement et souhaite que la commission de réflexion mise en place puisse donner un nouveau souffle à la CADC sinon… Révélation : notre interlocuteur affirme avoir été maintes et maintes fois sollicité, en vain, par des émissaires du pouvoir pour aller dialoguer. Il tient également à préciser : “J'ai de bons rapports avec les partis politiques et je respecte leurs positions même si parfois on a eu des prises de bec”. Mustapha Mazouzi quitte ainsi la coordination de Tizi Ouzou, mais pas le mouvement citoyen dans lequel il compte encore poursuivre son action et son engagement par le biais du comité de son quartier. Quant à la CADC, le trait est tiré. H. M.