Aujourd'hui, il est primordial de sensibiliser la population à la sauvegarde de son patrimoine, à la protection des richesses naturelles, matérielles et immatérielles qui l'entourent et qui font partie de son identité, un constat que le poète et militant culturel Abderrahmane Zakad n'avait pas cessé de marteler. "La société civile doit s'impliquer". "Le citoyen est partie prenante de toute activité le concernant" ; "Le patrimoine et l'identité sont les revers d'une même médaille". Ces slogans qu'on martèle çà et là sont bien beaux mais il faut en convaincre le citoyen lambda. Il faut de la "communication", comme nous dirait le défunt Abderrahmane Zakad, urbaniste, auteur, poète et fervent défenseur de l'acte culturel, quel qu'il soit et où qu'il se trouve. Aujourd'hui, il est capital d'associer la population à l'acte culturel si on veut obtenir le résultat escompté ; il est urgent de sensibiliser le citoyen à la sauvegarde de son patrimoine, à la protection des richesses naturelles, matérielles et immatérielles qui l'entourent et qui font partie de son identité. La fête de Yennayer en fait partie, tout comme beaucoup d'héritages culturels et cultuels voués à la disparition faute de transmission, ou victimes de déni faute de communication. Toutes nos villes ont leur histoire, toutes nos bourgades méritent d'être contées (et aussi comptées). Mais comme dirait encore Zakad : "Si nos villes et nos banlieues sont malades, c'est l'Algérie qu'il faut soigner, car c'est l'organisation actuelle de notre société qui exclut et marginalise." Pour sortir de cette torpeur écrasante qui n'a que trop duré, il serait bon de rappeler au bon souvenir des concernés les remarques et constats que le regretté poète n'avait cessé de marteler à chaque occasion, histoire de faire redémarrer la chose culturelle sur de bonnes bases. Si bonne volonté il s'en trouve. L'agitateur culturel qu'il était disait : "Mon expérience lors des visites dans certaines associations de Béjaïa et d'Alger m'a fait découvrir qu'elles ne font pas connaître le contenu de leurs activités, les opérations qu'elles mènent et surtout l'absence de bilans et de documents écrits concernant leurs projets, leurs activités sur le terrain ou leurs réflexions." Et d'ajouter concernant la "nécessité de la communication" : "Dans tout projet urbain, dans les activités des associations, il faut intéresser la population en l'informant d'abord, en l'associant si possible. Sans communication, pas d'informations. La communication permet de connaître, d'échanger surtout quand elle est faite dans la convivialité ; elle permet d'empêcher les rumeurs (...) On peut avoir les meilleures lois, les meilleurs spécialistes, si on ne fédère pas la population, on ne fait rien. L'isolement est préjudiciable." Et pour revenir à ce patrimoine, élément essentiel de notre identité, un retour aux sources, Zakad a publié son recueil Le Patrimoine, dont certains poèmes ont été sélectionnés et publiés dans Terres d'Afrique - Anthologie de poésie africaine du poète congolais Gabriel Mwènè Okoundji. Là où il nous dira : "Quand le poète pour plaire à celui qui le lit / épellera les vers sans savoir qu'aujourd'hui / malgré le temps qui coule et les pages qui fuient / son chant restera figé, telle une étoile qui luit." Feu Abderrahmane Zakad, conscient des dérives qui faisaient chavirer le pays, dira : "À 75 ans, je ne serai plus là lorsque les vérités apparaîtront dans tous les domaines. Pour le moment, tout le monde se satisfait de son sort, tout le monde trouve son intérêt sauf la culture et notre jeunesse."