Les cours des deux contrats de référence de pétrole (Brent et WTI) poursuivent leur tendance à la hausse. La semaine dernière, le prix du Brent a atteint à la clôture un plus haut depuis 11 mois, à 56 dollars. Depuis l'ouverture de la première séance de 2021, le 4 janvier, les prix du pétrole se sont appréciés de près de 10%. Dans sa dernière analyse sur les marchés pétroliers, l'institut spécialisé, IFP énergies nouvelles (Ifpen), a souligné que cette hausse des prix du brut intervient dans un contexte de reprise de la demande. Une demande stimulée, entre autres, par le démarrage des programmes de vaccination dans de nombreuses régions du monde et par l'Opep+ qui, lors de sa réunion du 5 janvier, a reconfirmé la décision d'augmenter la production de 0,5 mb/j à partir de janvier 2021, ajustant ainsi la réduction de la production de 7,7 mb/j à 7,2 mb/j. Selon l'Ifpen, la hausse des prix du pétrole est, certes, soutenue par la reprise de la demande, mais elle l'est, surtout, par l'annonce de l'Arabie saoudite, en marge de la réunion du 5 janvier, d'une réduction volontaire (non enregistrée dans les quotas publiés par l'Opep) de 1 mb/j. L'institut français de recherche a pourtant rappelé que selon l'AIE et les autres agences (EIA et Opep), le marché pétrolier devrait être déficitaire en 2021 de 0,8 à 1,6 mb/j en moyenne. Dans ce contexte, l'annonce de l'Arabie saoudite a surpris les marchés, ce qui explique l'augmentation de +3 dollars du prix du baril de Brent. L'Arabie saoudite va-t-elle à contre-courant du marché ? Non, répond l'Ifpen dans son rapport, indiquant que la position du royaume peut s'expliquer du point de vue des stocks pétroliers, de l'évolution récente de la demande et de la production de l'Opep. En décidant de réduire volontairement sa production, l'Arabie saoudite vise en priorité les stocks de pétrole qui se sont accumulés ces derniers mois, a souligné l'institut français qui fait référence au dernier rapport de l'AIE (décembre 2020) qui a révélé que le surplus de pétrole accumulé au cours des 3 premiers trimestres de l'année 2020 dépasse 1 200 mb. Une bonne partie se trouve actuellement dans les stocks des pays de l'OCDE, dans les stockages offshore et en Chine, le reste étant plus difficile à suivre et échappant aux statistiques. Selon les dernières données disponibles, les stocks commerciaux de l'OCDE ont baissé de 55,3 mb, mais restent toujours supérieurs à la moyenne quinquennale. Les stocks en mer ont également diminué, mais sont toujours à près du double des niveaux de l'année dernière. Aux Etats-Unis, selon les données hebdomadaires de l'agence EIA pour la semaine du 1er janvier, les stocks de pétrole brut ont diminué de 8 mb, soit 48,7 mb de plus que la moyenne quinquennale. Pour l'Ifpen, la décision de l'Arabie saoudite s'explique aussi par l'évolution de la demande. Si les campagnes de vaccination ont donné de l'espoir, la plupart des scénarios actuels n'envisagent pas de reprise avant le deuxième, voire le troisième trimestre de cette année. La récente recrudescence des cas de Covid-19 a incité plusieurs gouvernements à renforcer les protocoles sanitaires et à restreindre à nouveau les déplacements. Enfin, la position de l'Arabie saoudite est également prudente compte tenu de la reprise de la production en Libye.