Il a suffi d'un simple tweet du président américain, jeudi dernier, relatant des discussions entre l'Arabie saoudite et la Russie sur une baisse envisagée de la production de pétrole de 10 à 15 mb/j, pour faire bondir le prix du Brent de plus de 35%, à 34,7 dollars le baril. Les prix ont également été soutenus par la publication de statistiques rassurantes sur la reprise économique chinoise post-Covid-19 et l'annonce d'une réunion d'urgence de l'Opep+. "En moyenne hebdomadaire, le Brent a gagné +0,3 dollar le baril", relève L'IFP Energies nouvelles (IFPEN), dans son analyse hebdomadaire publiée lundi. Le consensus Bloomberg sur le prix du Brent pour 2020, indique l'institut français, est de 43,3 dollars le baril contre 37 dollars le baril sur les marchés futurs. "Si l'initiative américaine de rapprocher l'Arabie saoudite et la Russie a été saluée par les marchés, résorber le choc pétrolier actuel nécessitera de déployer beaucoup plus d'efforts", estime l'institut de recherche français. Selon son analyse, une réduction de la production mondiale entre 10 et 15 millions de barils par jour, "même si cela représente plus de 60% de la production de l'Arabie saoudite et de la Russie réunies, semble en effet totalement insuffisante face à une baisse de la demande estimée entre 15 et 25 millions de barils par jour". Le rééquilibrage du marché pétrolier passe donc, selon l'IFPEN, "comme le soutiennent l'Arabie saoudite et la Russie, par une réduction significative et coordonnée de l'ensemble des producteurs (Opep+ et une participation effective des USA), ce qui serait une première dans l'histoire du pétrole". Un simple rôle de facilitateur pour les Etats-Unis ne sera probablement pas suffisant cette fois-ci. Cependant, estime l'IFPEN, les récents évènements, "avec l'annulation de la réunion de l'Opep+, initialement annoncée pour lundi puis reportée de quelques jours, et les annonces du président américain sur la possibilité de rétablir des droits de douane à l'importation sur le pétrole brut, montrent que nous sommes encore très loin d'un accord". Toutefois, relève-t-il, les dernières nouvelles économiques en provenance de Chine apportent des réponses rassurantes sur la question de sortie de crise. Trois mois après l'apparition de l'épidémie de Covid-19, les indices PMI manufacturiers et non manufacturiers pour le mois de mars, publiés la semaine dernière, montrent une nette amélioration de la situation économique en Chine. Aux Etats-Unis, les statistiques hebdomadaires, publiées par l'EIA pour la semaine du 27 mars, montrent que la situation au niveau des stocks pétroliers se tend. "La question des stocks est devenue la principale préoccupation des opérateurs et des traders sur les marchés pétroliers", estime L'IFPEN. En Chine, le gouvernement aurait demandé à plusieurs agences de coordonner un achat massif de pétrole brut afin de profiter de la baisse des prix.