La crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales continuent de peser fortement sur les cours du pétrole qui ont commencé la semaine dernière en dessous de 40 dollars le baril pour le Brent. C'est ce que relève l'IFP Energies nouvelles (Ifpen) sur son "tableau de bord", sur les marchés pétroliers, publié lundi. Cependant, constate l'Institut de recherche français, "la détermination de l'Arabie saoudite, lors de la dernière réunion de l'Opep+, à faire appliquer rigoureusement les accords de réduction de production, a rassuré un temps les acteurs et a permis au pétrole brut de terminer la semaine en hausse". En moyenne hebdomadaire, le Brent gagne +1,3 dollar le baril (+3,1%) pour atteindre 41,8 dollars le baril. Le consensus des économistes interrogés par Bloomberg sur le prix du Brent reste stable à 42 dollars pour 2020 et 47,8 dollars pour 2021. Jeudi dernier, le Comité ministériel de suivi de l'Opep+ a rappelé l'importance cruciale, dans un contexte de baisse de la demande, de respecter rigoureusement les accords de réduction de production et de compenser les volumes surproduits dès que possible, afin de stabiliser le marché pétrolier. "Le taux de conformité est en effet en baisse à la suite de la surproduction de certains pays dont les Emirats arabes unis et l'Irak", indique l'Ifpen. Selon l'AIE, le taux moyen de conformité au cours des 4 derniers mois (de mai à août) était de 94%, mais seulement de 59% pour les Emirats arabes unis et de 82% pour l'Irak, ce qui a été partiellement compensé par l'Arabie saoudite avec un taux moyen de 111%. En dehors des pays de l'Opep, le taux de conformité est également tombé à 94%, dont 88% pour le Kazakhstan et 96% pour la Russie. "La déclaration de l'Opep+ fait écho aux différents rapports publiés la semaine dernière par l'AIE, l'EIA et l'Opep sur l'évolution de la demande de pétrole", souligne l'Institut de recherche français. Les trois agences ont, en effet, toutes révisé à la baisse leur scénario de demande pour 2020. Selon l'AIE, la demande pour 2020 s'établirait à 91,7 millions de barils par jour, en recul de 8,4 millions de barils par jour. L'Opep est plus pessimiste avec une demande en recul de 9,5 millions de barils par jour à 90,2 millions de barils par jour. "Néanmoins, étant donné la baisse de la production hors Opep, principalement aux Etats-Unis, un rééquilibrage du marché est possible si l'Opep maintient ses objectifs de production", prévoit l'Institut français. Ce rééquilibrage, estime-t-il, reste cependant "extrêmement fragile marqué par l'évolution incertaine de la situation sanitaire". Côté production, "l'annonce faite samedi dernier par la Compagnie nationale pétrolière libyenne (NOC) de la reprise de la production et des exportations de pétrole, à la suite de la levée d'un blocus de huit mois imposés par les forces du général Khalifa Haftar, pourrait également changer la donne et contraindre l'Opep à revoir ses objectifs de production", ajoute l'Ifpen. Pour 2021, les scénarios des trois agences indiquent une demande en augmentation entre +5,5 et 6,5 millions de barils par jour autour de 97 millions de baril par pour l'AIE et l'Opep et 99,6 millions de barils par jour pour l'EIA. En tout état de cause, la demande en 2021 restera inférieure à celle de 2019. Cette analyse est partagée par BP, qui a publié la semaine dernière ses perspectives énergétiques et qui considère dans deux des trois scénarios présentés que la demande de pétrole ne retrouvera jamais son niveau d'avant la pandémie. Dans son troisième scénario, la demande devrait plafonner au début des années 2020 avant de diminuer progressivement jusqu'en 2050. Dans chaque scénario, la baisse de la demande de combustibles liquides est principalement due à l'augmentation de l'efficacité énergétique et à l'électrification du secteur des transports.