En grève depuis le 11 janvier, les étudiants de 3e année de médecine ont organisé, dans la matinée d'hier, un sit-in de protestation à l'intérieur de la nouvelle faculté de médecine d'Oran, face aux locaux de l'administration. Plus d'une cinquantaine d'étudiants, majoritairement des filles, ont décidé de faire entendre leurs voix pour la première fois, en réaction à ce qu'ils appellent "le mutisme des responsables pédagogiques" de la faculté et du département de médecine. Portant le masque de rigueur et munis d'affiches sur lesquelles on pouvait lire : "L'étudiant en médecine n'est pas une machine", les étudiants ont dénoncé les conditions d'enseignement depuis l'ouverture de l'année universitaire 2020-2021. Les délégués de ces étudiants de 3e année, une promotion de 600 étudiants, nous expliquent les raisons de leur colère. "Avec la refonte du programme d'enseignement, ici, à la faculté de médecine, on nous a imposé un emploi du temps irréel, avec 5 cours par jour. Au bout d'une semaine, les étudiants n'ont pas tenu le coup. C'est énorme, 5 cours dans la journée, nous n'avons même pas le temps d'assimiler, de comprendre", nous expliquera-t-on. Plus loin, nos interlocuteurs insistent : "Si vous parlez avec des professeurs, ils vous diront que c'est anti-pédagogique. Quant aux cours à distance, c'est la catastrophe. Pendant qu'une section à cours une semaine, deux autres sections sont sans cours. Les cours à distance, par vidéo ou en PDF, sont très rarement disponibles... peut-être à peine 5%." Une situation qui a pesé lourdement et rapidement chez les étudiants, d'autant, disent-ils, qu'il n'y a pas eu de réponse à leur revendication, exprimée depuis le 6 janvier, d'un réaménagement des emplois du temps. Pourtant, une réunion a bien eu lieu entre les délégués d'étudiants, le doyen, le vice-doyen et le chef du département, avec "la promesse d'un nouvel emploi du temps pour ce dimanche, mais il n'y a rien eu. On nous a expliqué qu'il fallait un CP (Comité pédagogique) où les enseignants décideront, ils ont seulement insisté pour que la grève cesse", explique l'un des délégués. Sur ces faits, les étudiants ce sont mis à dénoncer pêle-mêle "le mépris avec lequel les étudiants sont traités, la situation catastrophique des cités universitaires, sans hygiène, sans restauration, la surcharge des amphithéâtres, aucun respect du protocole sanitaire — puisque les conditions et l'organisation des études de médecine ne s'y prêtent pas —, la qualité de l'enseignement et de la formation qui régresse, etc.". À noter que nous n'avons pas pu rencontrer le doyen qui était absent, selon le département de médecine. D. Loukil