Près d'une semaine après le référendum, le chef de l'Etat a tracé, lors du Conseil des ministres, les contours des mesures d'application de la charte pour la paix et la réconciliation. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a sollicité hier, lors d'une allocution au Conseil des ministres, le pardon de toutes les victimes de la tragédie nationale conformément à la teneur de la charte pour la paix et la réconciliation. “Au nom de la nation tout entière et en mon nom personnel, je sollicite le pardon de toutes les victimes de la tragédie nationale.” En faisant cet appel solennel, Bouteflika met d'ores et déjà à exécution les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation adoptée le 29 septembre dernier par plus de 97% des suffrages exprimés. Le Président s'est engagé personnellement à veiller à la mise en œuvre de l'ensemble des dispositions consignées dans la charte pour la paix et leur strict respect par chacun. De la même manière, le chef de l'Etat promet de veiller à la consécration juridique et dans les meilleurs délais de la charte sous forme de lois et règlements. “Je veillerai afin que les institutions exécutives et législatives du pays adoptent rapidement les textes législatifs et réglementaires requis par la mise en œuvre de la charte dans le strict respect de ce que le peuple a approuvé souverainement”, a précisé le chef de l'Etat. Sentencieux, Bouteflika invite tous les citoyens et les institutions à respecter ce choix de “l'écrasante majorité du peuple algérien”. Et il se donne des moyens sécuritaires, économiques, politiques et sociaux de faire respecter ce choix. Il faut donc s'attendre à une avalanche de textes qui vont s'abattre dans les tout prochains jours sur le bureau de l'APN pour codifier et clarifier les dispositions de la charte en leur donnant une force de loi. Cet arsenal juridique attendu devrait donc donner corps à la notion de paix et de réconciliation qui bénéficient principalement à ceux qui se sont rendus coupables d'actes terroristes durant les années rouges. Le président de la République met cependant un bémol à la générosité de l'Etat en appelant ces derniers à faire leur mea-culpa au peuple algérien et, partant, solliciter le pardon. “Je souhaite voir ceux en faveur desquels ont été prises les mesures énoncées dans la charte (…) saisir la main tendue par le peuple algérien dans les limites des délais qui seront énoncés.” Bouteflika confirme ainsi que, à l'image de la concorde civile, le bénéfice des dispositions de la charte sera limité dans le temps via une date-butoir qui sera fixée prochainement. Il suggère ainsi que la magnanimité du peuple ne saurait s'étaler dans le temps, et que les éventuels éléments réfractaires seront pourchassés et combattus. “La nation est déterminée à poursuivre la lutte contre le terrorisme, à préserver les vies et les biens des citoyens et à rétablir la sécurité partout à travers le territoire national.” Le Président rassure que toutes les mesures énoncées par la charte seront mises en œuvre par l'Etat loyalement envers leurs bénéficiaires et fidèlement par rapport à la volonté du peuple. “Le chef de l'Etat n'a pas manqué de renvoyer l'ascenseur au peuple algérien qui a plébiscité son projet en lui adressant un vibrant hommage pour sa “mobilisation exceptionnelle” lors du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale.” HASSAN MOALI