Curieuse est la démarche du Comité scientifique et de son porte-parole, Djamel Fourar, cherchant la caution "religieuse" pour convaincre les Algériens de se faire vacciner contre la Covid-19. Ce dernier est-il obligé de tenir une "réunion de travail" avec la commission ministérielle des Affaires religieuses pour valider le vaccin russe. Au terme de cette réunion, une fatwa (avis juridique religieux) a été prononcée assurant que "les vaccins disponibles ne conteniennent pas de composants prohibés par la charia". Dans son communiqué, la commission des fatwas du ministère des Affaires religieuses assure que "le vaccin ne constitue pas un danger pour la santé du citoyen (...) Les effets secondaires éventuels après son utilisation sont tout à fait normaux, comme n'importe quel autre vaccin". Voilà que ce qui relève exclusivement de l'autorité scientifique et médicale est confié à une "institution" qui n'a aucune habilitation à se prononcer sur un sujet aussi sérieux que celui de la vaccination des citoyens contre le coronavirus. Djamel Fourar était-il obligé de solliciter un avis religieux ? D'évidence, rien ne peut contraindre l'autorité dont il est le porte-parole à déléguer une ordonnance médicale aux "foqaha". Mais, le populisme ambiant couplé au charlatanisme en tout genre devient par les temps qui courent une politique de gouvernance des affaires publiques. Djamel Fourar n'est pas le premier responsable officiel à s'appuyer sur la caution des hommes de religion pour faire passer des projets, lois et autres décisions gouvernementales. Signe de la défaite de la raison et de la science. Mais pas seulement. Il s'agit surtout de la faiblesse de l'Etat et de ses institutions et de la perte de ses capacités à convaincre du bien-fondé d'un choix ou d'une quelconque décision. Par petite dose, les responsables publics se laissent aller à des logiques farfelues qui peuvent s'avérer dangereuses. À ce rythme, l'on peut bien substituer la loi du "haram-hallal" aux lois des républiques. N'a-t-on pas entendu le président de l'Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Charfi, dire, à qui voulait l'entendre, que la nouvelle Constitution est "hallal". Avec ce nouveau logiciel politique et social en vogue et complètement déraisonnable, la parole religieuse tout comme le discours public se trouvent disqualifiés...