Le jeune homme a été arrêté, le 26 septembre 2019, alors qu'il filmait, à l'aide de son téléphone, la marche des étudiants. L'étudiant à l'Institut national supérieur de l'aquaculture et de la pêche d'Alger, Walid Nekkiche, 25 ans, en détention préventive à la prison d'El-Harrach depuis 16 mois, sera jugé au tribunal de Bab El-Oued, ce lundi 1er février 2020. Des accusations très lourdes pèsent sur lui : "organisation secrète de correspondances à distance susceptibles de porter atteinte à la défense nationale" ; "participation à un complot incitant les citoyens ou habitants à porter les armes contre l'autorité de l'Etat" ; "atteinte à l'unité nationale" et "détention, à des fins de diffusion, de publications visant à porter atteinte à l'intérêt national". Pour ces chefs d'inculpation, il encourt une lourde peine de prison. Retour sur la genèse de l'affaire : le jeune homme a été arrêté, le 26 septembre 2019, alors qu'il filmait, à l'aide de son téléphone, la marche des étudiants. Pendant presque une semaine, il est interrogé par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sur ses accointances présumées avec une cellule de la localité de Tizi Gheniff, d'où il est originaire, de l'organisation séparatiste MAK et fourniture à un étranger de rapports et images sur les manifestations populaires. Devant les enquêteurs, le prévenu aurait reconnu être en contact avec des activistes du Mak et livré des noms — deux s'avèreront être fictifs, ce qui amène la Chambre d'accusation à abandonner les charges retenues contre eux. Il aurait avoué, en outre, avoir pris attache avec un ressortissant espagnol par le biais de réseaux sociaux et de l'avoir rencontré à Alger et à qui il aurait transmis des photos et vidéos du Hirak en contrepartie d'une compensation financière. Devant le juge instructeur du tribunal de Bab El-Oued, il a changé ses déclarations. Il a soutenu avoir participé à toutes les marches des étudiants les mardis, avoir filmé uniquement les manifestants et n'avoir aucun lien avec le MAK. Il a affirmé avoir fait, durant sa garde à vue, des aveux sous la menace et la torture. Ses avocats n'ont eu de cesse, effectivement, de dénoncer la maltraitance dont il aurait été victime durant ses auditions. "J'ai saisi les rapporteurs spéciaux de l'ONU sur la torture et la liberté d'expression et d'opinion pour une intervention urgente sur le cas de Walid Nekkiche, détenu actuellement à la prison d'El-Harrach, après avoir été torturé par des policiers au début, puis par des agents de la DGSI au centre Antar", a alerté Me Soufiane Chouiter sur son compte Facebook en août dernier. Alors que l'affaire était au début de l'instruction et théoriquement couverte par le secret, les médias publics et les chaînes de télévision privées ont largement relayé, début décembre, une dépêche de l'APS sur l'arrestation de Walid Nekkiche. Sans citer son nom ni une source identifiée, le jeune homme est livré à l'opinion publique comme un coupable condamné et condamnable : "Les forces de sécurité ont arrêté à la place des Martyrs (Alger) un étudiant universitaire, membre du MAK et militant au sein d'un parti politique opposé à la tenue de l'élection présidentielle (...) L'étudiant en question a été appréhendé en train de prendre des photos du déploiement des forces de sécurité." S. H