Dans un communiqué rendu public, le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la pénurie et le problème d'approvisionnement en médicaments. Les pharmaciens d'officine restent toujours incapables de répondre à la détresse des malades, qui font face au quotidien aux ruptures récurrentes de médicaments. "Les pharmaciens d'officine vivent une situation insupportable, et le marché du médicament n'arrête pas de se dégrader, surtout concernant la disponibilité des médicaments et l'approvisionnement des officines." Ce commentaire du Snapo est motivé en fait par l'appel au boycott des distributeurs de médicaments lancé par les pharmaciens de la région de Constantine. Un boycott d'une journée. Mais il n'est pas exclu que le mouvement soit renouvelé chaque semaine. De nombreux pharmaciens implantés dans d'autres régions ont salué l'initiative de leurs confrères de la wilaya de Constantine. Les appels ne cessent de se multiplier pour que cette action, qui a tout l'air d'une "grève blanche, se généralise à tout le territoire national", précisera le bureau national du Snapo. Les mêmes sources font savoir que cette "grève blanche" consiste à ne pas passer de commandes durant toute une journée. "Les pharmaciens de Constantine, qui ont largement suivi le mot d'ordre le dimanche 14 février 2021, se plaignent de la pénurie de médicaments depuis plusieurs semaines", peut-on lire dans le communiqué. Le bureau national du syndicat, présidé par Messaoud Belambri, a indiqué que "le taux d'adhésion au mouvement de boycott annoncé par notre bureau Snapo de Constantine est estimé à 70%. Les offres faites par fax ou par téléphone aux grossistes sont restées sans réponse". Cette nouvelle forme de protestation, qui reste inédite, exprime bien la colère et le désarroi des pharmaciens. "Le boycott est une expression de colère contre les ruptures." Malgré toutes les annonces faites ces derniers jours en grande pompe par l'autorité en charge du dossier, le problème d'approvisionnement des pharmacies d'officine en médicaments et autres produits pharmaceutiques demeure entier. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine ne manque pas d'ailleurs de rappeler que "cette action de boycott d'une journée est lancée pour dénoncer les multiples dérives constatées dans le secteur de la distribution de médicaments, ainsi que des pratiques contraires à l'éthique et à la déontologie. Il est question de dénoncer la rétention des stocks, la dissimulation des produits, des ventes concomitantes, la ségrégation entre les pharmaciens". Par ailleurs, le Snapo a dénoncé "des pratiques révolues dignes de l'ère du parti unique", notamment à propos du décret portant sur l'organisation et le fonctionnement des établissements pharmaceutiques. "Ce décret a été présenté au gouvernement sans concertation avec les pharmaciens d'officine, notamment le Snapo, alors que ce texte était attendu depuis des années."