Alors qu'annoncé pour hier par le chef de l'Etat lors de son discours à la nation jeudi dernier, le remaniement gouvernemental semble prendre plus de temps que prévu. Ce retard s'explique-t-il par un difficile arbitrage sur les noms des partants et des arrivants ? Le remaniement ministériel promis pour les 48 heures qui devaient suivre le discours prononcé, jeudi, par le président de la République, n'est pas encore tombé. Les Algériens, qui étaient rivés hier soir sur la télévision publique, se sont vite rendu compte, à l'annonce des titres, de l'absence du sujet du menu du JT.Le changement semble prendre plus de temps que prévu pour des considérations qui restent à connaître. Le chef de l'Etat avait, en effet assuré, jeudi, dans un discours à la nation qu'"un remaniement ministériel sera opéré et annoncé dans les prochaines 48 heures". Hier encore, alors que même un média public, la Chaîne III en l'occurrence, a fait part de l'annonce du remaniement ministériel dans "les prochaines heures", rien n'a filtré sur la nouvelle composante de l'équipe gouvernementale. Ce qui est sûr c'est que le black-out total imposé aux tractations tendant à choisir les nouveaux récipiendaires de certains postes ministériels ciblés, n'aide pas à démêler l'écheveau. Et c'est naturellement la rumeur qui a pris le relais. On annonce, ainsi, un gouvernement resserré avec surtout des changements qui risquent de décevoir plus d'un. Il est vrai que la difficulté demeure entière de trouver des personnalités qui pourraient accepter de siéger dans un Exécutif presque en sursis. Sa vie pourrait ne pas durer plus de quatre ou cinq mois. Car elle est liée aux prochaines législatives qui doivent marquer le départ du gouvernement actuel. Ce qui constitue une contrainte supplémentaire pour le Président dans sa démarche. Ce qui est de nature à l'obliger à faire avec le gros de l'équipe actuelle, quitte à frustrer les partisans d'un changement en profondeur du gouvernement. Le retard pris dans l'annonce de ce changement est-il le signe de quelque résistance propre au sérail algérien dans pareille circonstance ? Rien n'est moins sûr, connaissant la nature du système algérien. Il est vrai que l'opinion publique attend avec une certaine appréhension la nouvelle composante du gouvernement. L a question est d'autant plus importante qu'elle conditionne d'une certaine façon le niveau de rétablissement de la confiance entre le citoyen et les institutions. Des changements en profondeur avec le départ des têtes trop encombrantes de par leur incompétence ou trop bellicistes et l'arrivée de figures crédibles pourraient être annonciateurs d'une tendance au sein du pouvoir. En tout cas, ce dossier sur lequel le chef de l'Etat a promis de consentir l'effort nécessaire pour répondre aux revendications de la population, ne doit pas être en deçà de l'espoir suscité par la mesure prise de gracier les détenus politiques et d'opinion. L'opinion publique, qui n'a pas tardé à se réjouir de voir les figures du Hirak emprisonnés retrouver la liberté et leurs familles, ne veut pas en rester là. La réaction hier du diplomate et ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, résume cette attente citoyenne. "La libération des détenus d'opinion du Hirak est un geste d'apaisement attendu du président du République et donne l'espoir d'une perspective d'ouverture politique plus large", a-t-il écrit sur son compte Facebook.