Le journaliste, syndicaliste et militant politique, Mohand-Arezki Boumendil, est décédé, hier, à l'âge de 66 ans, des suites d'une maladie. La faucheuse a eu raison de l'enfant de Tarihant, dans la région de Boudjima, à Tizi Ouzou, mais ceux qui ont eu à le connaître, à le côtoyer et à partager avec lui un des chapitres de la lutte démocratique gardent de lui le souvenir d'un homme courageux, tenace et convivial. Parmi ceux qui ont été marqués par sa sincérité, Mouloud Lounaouci, cet autre militant de la cause berbère qui le décrit comme "un militant dévoué et déterminé". "Il était loyal même si, parfois, il était un peu brutal. Lorsqu'il avait quelque chose à dire, il le disait sans se soucier des convenances. C'était un homme d'une honnêteté intellectuelle très peu courante en ces temps. C'est quelqu'un qui savait séparer le bon grain de l'ivraie", nous a-t-il déclaré au sujet de Mohand-Arezki Boumendil, en qui il voyait également, au plan humain, "quelqu'un qui souriait tout le temps, qui mordait à pleines dents la vie". Une description partagée par d'autres vieux routiers du militantisme dont Ali Brahimi qui dit garder de lui "l'image d'un homme intelligent et courageux et d'un journaliste qui a une belle plume, très acérée quand il le veut". "C'était un véritable intellectuel avec en plus une très belle plume. Personnellement, je l'ai beaucoup apprécié comme il l'était d'ailleurs de beaucoup de militants même s'il n'a pas fait long feu au RCD. Sa plume s'est révélée dans les colonnes de Libre Algérie puis dans L'Opinion. Il a aussi écrit dans La Nation, puis par la suite, il animait une chronique internationale dans le quotidien Liberté. En tant qu'intellectuel, il était porté particulièrement sur les questions économiques et institutionnelles. Au RCD, où je l'ai connu, il était chargé des programmes, il était secrétaire national", dit de lui Me Hakim Saheb, qui a eu à le côtoyer au conseil national du RCD. Durant son parcours politique, Mohand-Arezki Boumendil s'est illustré par ses positions anti-islamistes assumées. Des positions qui l'ont conduit, d'ailleurs, à quitter le FFS au nom duquel, il a été élu député, lorsque le parti a accepté de participer au contrat de Rome en 1995. En 1997, il est à nouveau réélu député, cette fois avec la casquette du RCD qu'il a quitté avant la fin de son mandat. En 2007, il a chapeauté la liste de l'alliance UDR-ANR, mais sans, toutefois, être élu. Cité en 2011 par le général Khaled Nezzar, Mohand-Arezki Boumendil lui adresse une lettre ouverte où il réaffirme ses positions anti-islamistes qu'il dit pleinement assumer. "L'Algérie avait-elle vocation de devenir une théocratie moyenâgeuse ? Assurément, non ! Dès lors, tout ce qui contribuait à faire échec à ce projet néfaste ne pouvait qu'avoir mon assentiment", lui avait-il écrit. Mais pas seulement, puisque dans sa lettre, il s'adressait à Nezzar aussi pour le désapprouver sur ce qu'il avait déclaré sur Hocine Aït Ahmed. "Je ne vous donne pas le droit, mon général, d'accuser M. Hocine Aït Ahmed d'être responsable des violences qui ont endeuillé des milliers de familles algériennes", lui rétorqua-t-il sèchement. Atteint d'une tumeur, Mohand-Arezki Boumendil a été transféré en France où il a lutté durant de longs mois contre sa maladie. Il sera inhumé aujourd'hui dans son village natal, à Tarihant, auprès des siens.