Des chercheurs, activistes et architectes du patrimoine ont apporté, à travers des aperçus historiques, des études et des analyses, de plus amples éclairages sur l'état actuel des trésors que recèlent les Aurès, notamment le tombeau d'Imedghassen, lors d'une conférence consacrée au patrimoine par le Citizen Inventory of Heritage. À l'occasion du mois du Patrimoine, le collectif algérien Citizen Inventory of Heritage a dernièrement organisé une série de conférences en ligne de deux jours, consacrées au patrimoine historique des Aurès, dans la continuité de l'événement "Rêvons La Casbah". Chapeauté par Nahla Naïli-Bouhired, militante et entrepreneure culturelle, l'événement a pour but de "donner la parole à la société civile locale, ainsi qu'aux acteurs privés et associatifs qui œuvrent au rayonnement de la région". Parmi eux, des experts, activistes, chercheurs, guides et architectes du patrimoine, comme Farès Khima, Walid Benattia, Azzedine Guerfi, Mohamed Boudiaf et bien d'autres, qui ont apporté, à travers des aperçus historiques, des études et des analyses, de plus amples éclairages sur l'état actuel des trésors que recèlent les Aurès, notamment le tombeau d'Imedghassen, le plus vieux monument berbère algérien, voire maghrébin. Au lendemain d'une décision du ministère de la Culture portant restauration de ce monument, "qui sera supervisée par des spécialistes algériens en coordination avec des entreprises relevant du ministère de la Culture et de l'Association des Amis d'Imedghassen", les débats de la première journée ont permis de revenir longuement sur l'édification du monument et de lever le voile sur les zones d'ombre des projets plusieurs fois annoncés, mais jamais aboutis. Farès Khima et Walid Benattia, architectes du patrimoine, ont fait savoir que la région des Aurès comporte "tout ce qui a fait l'origine de la nation à travers les traditions, les sites, les monuments. On arrive à lire l'histoire du pays dans la chair de cette région". Outre l'aspect technique et la particularité de sa construction qui date de la période préromaine, Khima a tenu à faire connaître d'autres aspects, moins connus ceux-là, d'Imedghassen. Ce dernier, situé dans une nécropole, a été construit dans un but purement cultuel et funéraire, même si, a-t-il rappelé, aucun cadavre ni urnes funéraires n'ont été découverts. Pour mieux comprendre les origines et les secrets encore bien gardés du monument et, par là même, assurer sa survie, il est désormais temps d'élargir le champ des recherches, selon Walid Attia. L'architecte du patrimoine est revenu sur les projets de restauration lancés ces dernières années. Il a insisté sur la nécessité de comprendre sa construction, afin de mener à bien tout projet de réhabilitation. "Avant d'arriver au stade des travaux, il faut des diagnostics précis, faits par des professionnels. Si on ne le fait pas, on ne peut pas prétendre à sa sauvegarde." Par ailleurs, Farès Khima a insisté sur les compétences des chercheurs algériens, qui sont à même de prendre en charge son plan de restauration. "Nous avons les compétences qu'il faut, le génie existe et l'université algérienne produit énormément de gens qui sont passionnés. Ensuite, il faut faire appel à ces compétences. C'est une question de gestion et de décision", a-t-il martelé. Yasmine AZZOUZ