À l'instar de leurs concitoyens des quatre coins du pays, les Sétifiens sont sortis, hier, très nombreux dans la rue. Leur détermination, qui n'a pas bougé d'un iota, a été ponctuée, cette semaine, par une participation record. Dès la fin de la prière du vendredi, drapés dans l'emblème national, les manifestants se sont dirigés vers le centre-ville, près du siège de la wilaya, le point de départ de toutes les marches depuis le début du Hirak. Ce 107e vendredi de la Révolution du sourire a été ponctué par un déploiement des forces de l'ordre autour du siège de la wilaya. Les manifestants, des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes venus des quatre coins de la wilaya, ont arpenté les principales artères de la ville dont la principale avenue du 8-Mai-1945 et du 1er-Novembre-1954, en passant par Aïn Fouara et la trémie de Bab Biskra, avant de retrouver le siège de la wilaya pour occuper la place. Ils ont entonné plusieurs chants patriotiques et scandé les slogans chers au Hirak tels que "Dawla madaniya, machi âaskaria" (pour un Etat civil et non militaire), etc. Hier, les Sétifiens ont sillonné d'autres quartiers de la ville dont la cité des 500-Logements, Laârarsa et la cité populaire Yahiaoui (Tandja). Même topo à Skikda où les hirakistes étaient beaucoup plus nombreux que vendredi passé. Des milliers de citoyens ont manifesté pour réclamer le changement pacifique et la dignité, et ont scandé plusieurs slogans tels que "Nous avons demandé le départ de la îssaba, ya hna ya ntouma, maranach habssine" (ou c'est nous ou c'est vous, nous, les hommes libres, nous ne nous arrêterons pas), "Algérie libre et démocratique", "Nous avons dit que la bande doit partir", "Vous avez pillé le pays et les citoyens sont en train de mourir de faim", etc. Cela dit, un grand déploiement des forces anti-émeutes était visible dès les premières heures de la matinée aux quatre coins de la ville, notamment au centre-ville. À Bordj Bou-Arréridj, les hirakistes sont descendus dans la rue, malgré le mauvais temps et les menaces d'arrestations, pour réclamer un "changement de régime". Les manifestants ont repris en chœur le fameux "Etat civil et pas militaire", tout en scandant d'autres slogans comme "Algérie libre et démocratique". Si la mobilisation reste symbolique, les hirakistes ne désespèrent pas de se mobiliser davantage les prochaines semaines. "Aujourd'hui, c'est le deuxième vendredi de la phase 2 du Hirak. Nous n'étions pas nombreux à cause du froid et du coronavirus, mais pour les prochaines journées de mobilisation, le Hirak retrouvera ses fidèles", explique Djamel, un des animateurs locaux de ce mouvement. Les manifestants ont rejeté la feuille de route du chef de l'Etat tout en dénonçant le projet de loi sur la déchéance de la nationalité pour des actes commis à l'étranger, en scandant : "Je suis de nationalité algérienne !" À Annaba, c'est sous la surveillance d'un imposant dispositif de sécurité que la marche du Hirak a eu lieu. Des milliers de manifestants venus de tous les quartiers de la ville ont, en effet, déferlé par vagues successives sur le cours de la Révolution dès 14h15 avant de se rassembler devant le théâtre régional d'où est partie la procession en direction du siège de la wilaya. Hommes, femmes et adolescents, vêtus des couleurs nationales et brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire des slogans hostiles au chef de l'Etat, à la presse et aux chaînes satellitaires notamment. Les manifestants semblaient aussi nombreux que lundi 22 à l'occasion du deuxième anniversaire du Hirak.