Rien ne semble freiner leur ardeur. Ni la répression et encore moins les décisions de justice n'ont pu atténuer la ferveur des hirakistes. Indépendance de la justice, légitimité du pouvoir, primauté du civil sur le militaire ou encore la libération des détenus d'opinion, le 55e vendredi de la contestation populaire a passé en revue les principales revendications de la rue à Oran. Avec une météo capricieuse, ils étaient quelques centaines à battre le pavé pour un deuxième vendredi sous la menace du nouveau coronavirus, pour dénoncer le système en place : "Gouloulhoum ijibou corona, izidou taâoune..." (Ni le corona ni la peste ne nous font peur), a repris la foule pour signifier sa volonté d'aller de l'avant dans son combat. Une lutte qui passe pertinemment par l'indépendance de la justice comme le répètent si souvent les hirakistes : "Goulou l'Tebboune âadala mliha, goulou l'Tebboune baraa taâ riha" (Dites à Tebboune que la justice a du bon), allusion sarcastique au procès de son fils. "Winek winek ya âadala" (Où est la justice ?), "Âadala horra moustaqilla" (Justice libre et indépendante), a également scandé une foule qui continuait à se mobiliser. "Samôou, samôou ya ness, dawla madania, machi âaskaria" (Oyez oyez citoyens, Etat civil et non militaire), ont encore scandé les manifestants, appelant au départ du pouvoir "Goulna îssaba trouh, ya hna ya ntouma… ntouma" (On a appelé au départ de la bande, ou c'est nous ou c'est eux, ce seront eux !), "Dawha ouled lahram, yasqot nidham" (Ils ont pillé le pays, les salauds, à bas le système). La justice, elle aussi, n'a pas été épargnée lors de cette marche. Les slogans dénonçant son parti pris et sa dépendance à l'Exécutif ont souvent été scandés. Les manifestants ont également rappelé leur détermination et leur mobilisation jusqu'à l'indépendance. "Maranach habssine" (On ne va pas s'arrêter), "Hna wled Amirouche, marche arrière manwalouch" (Nous sommes les enfants d'Amirouche, le retrait nous ne connaissons pas). Les détenus d'opinion n'ont pas été oubliés, hier, puisque la rue a exigé leur élargissement. "Libérez les otages", alors que des portraits de Tabbou et de Yasmine Si Hadj Mohand, la Franco-Algérienne arrêtée lors de la marche du 53e vendredi à Alger, ont été brandis. Par ailleurs, des étendards à l'effigie de certains chouhada (Ahmed Zabana, Ali La Pointe, Hamou Boutlélis…) ont flotté au gré du vent, aux côtés d'autres emblèmes de couleur jaune qui dénoncent le recours au gaz de schiste.