La semaine dernière, l'Opep+ a, encore une fois, surpris le marché en décidant, lors de sa réunion du 4 mars, de laisser la politique des quotas inchangée pour le mois d'avril, ce qui a provoqué la forte hausse des prix du brut ces derniers jours avec un Brent autour de 70 dollars et le WTI à plus de 66 dollars. Suite à cette décision, plusieurs banques ont sensiblement relevé leurs prévisions de prix de brut. Goldman Sachs a ainsi relevé ses prévisions pour le Brent de 5 dollars par baril et voit maintenant un prix de 80 dollars au troisième trimestre. De son côté, JP Morgan a relevé ses prévisions pour le Brent de 2 à 3 dollars et Citigroup a déclaré que le pétrole brut pourrait dépasser 70 dollars avant la fin de ce mois, alors que la valeur médiane du consensus de Bloomberg pour le Brent en 2021 passe à 57,3 dollars et à 59,5 dollars en 2022. Dans son dernier "tableau de bord du marché pétrolier", l'IFP Energies nouvelles (Ifpen) a estimé que l'Opep+ a pris cette décision alors que le contexte mondial est caractérisé par une demande mondiale de pétrole en hausse et une production américaine en baisse. Selon l'institut français de recherche, cette décision de l'Opep+ a été prise sous la pression de l'Arabie saoudite, qui, à l'occasion, a prolongé d'un mois sa réduction volontaire de production de 1 million de barils par jour (mb/j). L'Ifpen a également rappelé que, malgré la reprise de la demande mondiale de pétrole, la production de l'Opep en février a diminué de 920 kb/j pour la première fois depuis juin 2020, pour atteindre 24,9 mb/j, ajoutant que les craintes exprimées par la Russie, sur une probable surchauffe du marché et une hausse des prix qui pourrait mettre en péril l'équilibre du marché et relancer l'inflation, n'ont pas semblé peser devant la position de l'Arabie saoudite. L'Opep+, a-t-elle été trop prudente en prenant une décision à contresens du marché ? C'est en substance ce que suggère la note de l'Ifpen. D'ailleurs, l'institut français fait référence aux dernières données d'activité publiées par IHS Markit qui montrent que les données économiques sont plutôt encourageantes avec une croissance économique mondiale qui accélère en février principalement sous l'impulsion des Etats-Unis. L'indice PMI américain est à son plus haut niveau depuis plus de six ans, à 59,5. En Europe, l'indice progresse d'un point à 48,8. La levée progressive de ces mesures mises en place pour contenir la pandémie de Covid-19 avec l'intensification des campagnes de vaccination devrait donner une forte impulsion à l'activité en Europe, d'autant plus que l'activité manufacturière est à son plus haut niveau. En Chine, l'indice PMI a baissé, mais est resté au-dessus du seuil de 50 pour le dixième mois consécutif, à 51,7. Cette reprise de l'activité mondiale, selon l'Ifpen, se reflète également dans les données de déplacement enregistrées par les GPS des voitures, avec des indices supérieurs à 100% (niveau d'avant la crise sanitaire) aux Etats-Unis et au Japon et inférieurs à 100%, mais en hausse régulière depuis le début de l'année en Europe. Saïd Smati