Le Parti des travailleurs (PT) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont annoncé, successivement, leur boycott des élections législatives du 12 juin 2021. Avec un Front des forces socialistes (FFS) hésitant et sous la pression de sa base militante, ainsi qu'un Mouvement démocratique et social (MDS) qui affiche clairement son rejet du scrutin, les prochaines législatives, si l'agenda électoral est maintenu, risquent de se dérouler sans la participation de l'opposition démocratique. D'autres partis devront suivre la tendance, alors que le courant islamiste, qui vit une crise interne, craint de voir ses rangs davantage divisés en s'engageant dans un processus électoral qui ne fait pas l'unanimité. Dès lors, quel crédit pour des élections et une assemblée qui réunira seuls des partis acquis au pouvoir et fortement décriés par le peuple ? Le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique sont tétanisés, voilà maintenant deux ans, par la révolution citoyenne. Tajamoue Amel El Jazair (TAJ) et l'Alliance nationale républicaine ne jouissent pas d'une base militante qui leur permet de mobiliser les électeurs. La création, à trois mois de la tenue du scrutin, d'une coalition de la société civile baptisée «Nida El Watan » et menée par un conseiller du président Abdelmadjid Tebboune, n'est pas aussi pour drainer grande foule, à moins de rééditer le scandaleux scénario du RND aux législatives de 1997, ce que redoutent d'ailleurs plusieurs observateurs de la scène politique nationale. Sauf qu'une fraude massive, dans la conjoncture actuelle, participera, à l'évidence, à accentuer la crise politique majeure que connait le pays. Parallèlement, le mouvement populaire, qui retrouve la rue et renoue avec les marches hebdomadaires, s'oppose à toute opération électorale menée par un système à qui il demande de partir. Pendant ce temps, des voix s'élèvent et mettent en garde le pouvoir contre les conséquences d'un nouvel désaveu populaire, après l'abstention record enregistrée le 1er novembre 2020, au référendum sur la constitution. Les bureaux de vote en Kabylie étaient restés clos, et tout porte à croire que c'est le même scénario qui risque de se produire le 12 juin prochain, dans cette région du pays. La question qui se pose, maintenant, est de savoir si le pouvoir s'accommodera-t-il, en l'état actuel des choses, d'une Assemblée non représentée par toute une région du pays et boycottée par l'opposition démocratique ? En clair, une Assemblée encore plus illégitime que la précédente. Chose est sure, en tout cas, envisager une nouvelle Assemblée sans un consensus national, mènera forcément le pays vers une crise autrement plus complexe. Mehdi Mehenni