Est-ce la fin du débat autour de l'élection présidentielle ? S'il est difficile de répondre de façon affirmative à cette question, les derniers rebondissements sur la scène politique plaident pour une fin de la récréation et le début des choses sérieuses. Au sein du Front de libération nationale (FLN), le brouillard commence même à se dissiper, semble-t-il. Les déclarations de Mouad Bouchareb, coordinateur de l'instance dirigeante du parti en début de semaine, tranchent clairement avec tout ce qui a été dit jusque-là et tous les scénarios concoctés par des parties dans l'opposition comme dans le pouvoir. Bouchareb a laissé entendre que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, convoquera le corps électoral prochainement. «Lorsque le corps électoral sera convoqué, au plus tard dans 25 jours – et comme vous le savez, la Constitution l'exige 90 jours avant la date des élections – la voie sera ouverte aux candidatures», déclaré le patron du FLN, lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti. «Inattendues», peut-on qualifier les déclarations de Mouad Bouchareb qui se refusait jusque-là tout commentaire ou annonce sur la présidentielle. L'homme fraîchement intronisé à la tête de la première force politique de la majorité ne pouvait sûrement pas prendre le risque de se lancer dans un tel jeu de mots s'il n'avait ne serait-ce que des échos d'en haut. A moins qu'il ne s'agisse d'un autre ballon sonde, tout porte à croire donc que la présidentielle aura bel et bien lieu dans les délais constitutionnels, donc vers la fin du mois d'avril prochain. Avant les propos de Bouchareb, le chef de l'Etat avait tenu un Conseil des ministres où il était attendu sur la question. Mais son silence a constitué un désaveu à tous les scénarios. Aussi, l'annonce du coordinateur de l'Instance dirigeante du FLN concorde avec ce qu'a déclaré Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) la veille. «Notre position a été expliquée à maintes reprises par le porte-parole du parti. Nous avons lancé un appel au Président Abdelaziz Bouteflika et nous sommes toujours dans l'attente», avait-il soutenu. Ce discours chez les partis du pouvoir prouve, du moins pour l'instant, que ni report de l'élection ni prolongement de mandat ni conférence de consensus il y aura. Tous les scénarios imaginés et défendus par certains acteurs politiques tombent à l'eau, à commencer par celui de Amar Ghoul, président de Tajamou amal el-djazair (TAJ), qui a appelé les partis à «une conférence inclusive sous l'égide de Bouteflika». Sans oublier l'initiative du président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, portant «report de l'élection pour une durée d'une année au maximum pour permettre d'asseoir un consensus national entre l'ensemble des acteurs politiques et d'introduire des réformes profondes». Idem pour ce qu'a préconisé Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), qui a appelé à «la dissolution du Parlement et à la tenue de législatives anticipées pour élire une Assemblée constituante». Toutes ces propositions n'auraient donc été qu'un bruit sans résultat. Il ne faut pas oublier que pendant plus de deux mois, aucun scénario n'a été adopté par toute la classe politique. Ballon sonde ou pas, le pouvoir a apparemment conclu qu'il n'y a aucune option qui puisse faire consensus. Et du moment que dans la vision comme dans le discours officiel, rien ne justifie un report de l'élection ou une dissolution du Parlement, car «il n'y a pas de crise», ne cesse-t-on de répéter, la présidentielle peut bien se tenir dans les délais. C'est du moins ce qui se dégage des propos inattendus de Mouad Bouchareb. Reste à savoir, dans le cas du maintien de la présidentielle à son échéance, si l'actuel Président se portera candidat à sa propre succession ou convoquera le corps électoral pour une élection à laquelle il ne participera pas…