La descente effectuée dans la mosquée de Finsbury Park a permis d'évaluer l'ampleur des menaces qui pèsent sur le Royaume-Uni. Pas moins de sept personnes ont été interpellées à l'issue de l'opération commando menée de nuit dans la mosquée de Finsbury Park, dans le nord de Londres, ainsi que dans deux appartements voisins. Sur les 7 personnes interpellées, indique un journal anglais qui cite la police locale, pas moins de 5 sont de nationalité algérienne. Les suspects, dont les identités n'ont pas été révélées, sont âgés entre 22 et 48 ans. La police, qui a poursuivi ses perquisitions, lundi, a également trouvé deux armes défensives, mais aussi un nombre important de faux passeports français, divers documents appartenant au même pays ainsi que de fausses cartes de crédit. La police a également saisi des documents administratifs et du matériel informatique dont l'importance n'a pas encore été mise en évidence. Mais l'ensemble de ces pièces à conviction, croit-on savoir, explique, en partie, le cheminement que suivent les intégristes algériens avant d'arriver au royaume britannique où la permissivité de ses lois, jusqu'à un passé très récent, permettait de faire l'apologie du crime contre les Algériens en pleine place publique tant que les intérêts britanniques eux-mêmes n'étaient pas menacés. Deux parmi les cinq Algériens arrêtés seraient rentrés en territoire britannique sans que le MI5, en charge du renseignement intérieur, s'en soit aperçu. C'est ce qu'affirment des journaux britanniques, citant les services secrets de Sa Majesté, ajoutant que «cette opération est la plus importante du genre depuis les attentats du 11 septembre 2001». Les mêmes services paraissent convaincus d'être tombés sur une très importante filière, en majorité composée d'Algériens, affiliés à Al-Qaîda et à des organisations terroristes locales telles que le GIA et le Gspc. Cette affirmation paraît étayée par le fait que ces nouvelles interpellations seraient, à en croire les mêmes sources, «directement liées à l'affaire de la ricine et aux dizaines d'arrestations déjà opérées dans le nord et le sud de Londres, notamment dans les milieux algériens». L'interrogatoire de certains de ces suspects se trouverait derrière l'opération spectaculaire de Finsbury Park. Les enquêteurs vont encore plus loin en indiquant que «l'un des Algériens représente une très grosse prise». Il ferait partie des dirigeants locaux d'Al-Qaîda et du Gspc. De nombreuses nouvelles informations et opérations sont attendues donc de cette descente. Une descente qui, du reste, n'a pas laissé insensibles les milieux intégristes britanniques. Si Abou Hamza, imam de cette mosquée, connu pour ses discours virulents et pro-terroristes, qui a même fait les maquis afghans, a violemment critiqué Tony Blair et sa nouvelle démarche, d'autres organisations sont même allées jusqu'à appeler la communauté musulmane à retirer son argent des circuits financiers britanniques afin de créer une crise dans la région et de provoquer la chute de Blair, principal allié, pour ne pas dire le seul, de George Bush dans sa lutte mondiale contre le terrorisme et contre l'Irak. Le Premier ministre britannique, conscient d'avoir donné un grand coup de pied dans une fantastique fourmilière, a fini par abandonner son discours apaisant et par reconnaître publiquement qu'«une tentative d'attaque terroriste de la part de groupes comme Al-Qaîda contre le Royaume-Uni est devenue inévitable».