Les suspects, dont certains seraient des Algériens, sont détenus dans des lieux tenus secrets. Un nouveau coup de filet antiterroriste a été effectué, jeudi, en Grande-Bretagne, mais les services de renseignements britanniques se sont refusés à confirmer les allégations du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, liant ces opérations à Al-Qaîda et à l'Irak. Sept personnes, six hommes et une femme, ont été arrêtées dans le cadre de la loi antiterroriste 2000 à Londres, Manchester (nord-ouest de l'Angleterre) et en Ecosse (Glasgow et Edimbourg). Des perquisitions dans un bâtiment de quatre étages à Glasgow étaient, hier, toujours en cours. Elles pourraient durer deux jours encore. «Bien que les perquisitions soient en cours, il est important de souligner qu'aucune substance dangereuse n'a été découverte jusqu'à présent», a affirmé le commissaire divisionnaire adjoint, Tom Wood. «L'opération a été menée avec précaution et a été un succès», a-t-il poursuivi. La crainte de nouveaux incidents, tel celui qui s'était soldé par le décès d'un policier, continue de hanter le Royaume-Uni. Les policiers étaient équipés de gilets pare-balles. Cette opération est liée à une autre affaire en cours, a précisé le porte-parole, tout en se refusant de donner plus de détails. Celle-ci, précisent des sources proches des services secrets britanniques, citées par des journaux, ne serait pas dissociée de la fameuse affaire dite de la ricine. Deux hommes ont été arrêtés à Londres, un autre à Manchester, un homme et une femme à Glasgow ainsi que deux hommes à Edimbourg. Toutes les personnes arrêtées en Angleterre seront transférées en Ecosse, où elles seront interrogées dans un lieu tenu secret. Au total, 59 personnes ont été arrêtées depuis le début de l'année dans le cadre de la loi antiterroriste, selon le ministère britannique de l'Intérieur, qui n'a pas été en mesure de préciser combien avaient ensuite été relâchées. Le Premier ministre, Tony Blair, s'était engagé le 15 janvier, au lendemain de la mort d'un policier, Stephen Oake, lors d'un raid à Manchester, à «redoubler» les efforts de son gouvernement dans la lutte antiterroriste. Cette opération était liée à la découverte, début janvier, d'un minilaboratoire dans un appartement du nord de Londres contenant des traces de ricine, un poison mortel. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a fait le lien, mercredi, à l'ONU, citant l'interrogatoire d'un détenu, entre le meurtre de Stephen Oake et l'un des proches lieutenants d'Oussama Ben Laden, Abou Moussab Al-Zarkaoui, un Jordanien qui aurait trouvé refuge en Irak. Lorsque les Britanniques ont découvert une cellule (à Manchester) le mois dernier, un policier britannique a été tué au cours du démantèlement de la cellule. Mais des sources au sein des services de renseignements britanniques, citées jeudi par The Guardian, ont assuré qu'aucune preuve solide ne permettait d'établir ce lien. M.Powell «tire des conclusions hâtives», a affirmé l'une de ces sources sous le couvert de l'anonymat. «Tout est une question d'interprétation», a dit une autre source au même quotidien, tout en soulignant qu'il était trop tôt pour brosser un tableau précis des réseaux terroristes. La police britannique n'a jamais fait le lien entre l'Irak et les opérations antiterroristes intervenues en Grande-Bretagne depuis le début de l'année. Les Allemands, de leur côté, ont confirmé l'ouverture officielle d'une enquête sur le Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui, accusé de liens avec Al-Qaîda et que les USA, dans leur dernier rapport, accusent d'être en rapport avec le régime de Bagdad sans en fournir la moindre preuve.