Un des suspects arrêtés, un Algérien, représente une très grosse prise et d'autres coups de filet ne sont pas à exclure. La descente spectaculaire effectuée dans la nuit de lundi à mardi dans la mosquée de Finsbury Park, dans le nord de Londres, n'en finit pas de rebondir. Un des sept suspects arrêtés, un Algérien, déjà qualifié au début de «prise importante», serait directement lié au réseau démantelé au début de ce mois dans l'est de la capitale britannique et qui projetait de commettre des attentats à la ricine contre diverses cibles occidentales. Selon des sources policières, citées par la presse anglaise, cet Algérien, dont l'identité n'a pas été révélée, «occuperait une fonction importante dans la hiérarchie d'Al-Qaîda», l'organisation terroriste islamiste que dirige l'homme le plus recherché au monde, Oussama Ben Laden. Cet Algérien, contrairement aux quatre autres arrêtés le même jour lors de l'opération commando de Finsbury Park, était un demandeur d'asile tout ce qu'il y a de plus légal. Cela confirme, si besoin est, à quel point les autorités britanniques s'étaient montrées permissives avec les réseaux terroristes algériens et autres avant les attentats du 11 septembre 2001 et les menaces de plus en plus pressantes sur les intérêts occidentaux. Ce suspect principal dans une filière qui est loin d'avoir livré tous ses secrets et qui doit également avoir des ramifications dans d'autres pays européens, ferait également partie du Gspc de Hassan Hattab à en croire les mêmes sources. Il constituerait «une véritable mine d'informations pour les enquêteurs de Scotland Yard». Cela paraît d'autant plus plausible que deux des Algériens interpellés, au moins, étaient entrés en territoire britannique sans que le MI5, en charge des renseignements intérieurs, en eut rien su. Mieux, selon les pièces à conviction saisies dans la mosquée que dirige l'ancien «moudjahid» en Afghanistan, Abou Hamza, tout porte à croire que le lieu servait de plaque tournante pour la fabrication de faux papiers aux étrangers, notamment algériens, arrivant pour la plupart de France. Ce n'est, du reste, pas un hasard, si dans les papiers saisis, figurait une quantité importante de faux passeports français. Cette mosquée, pensent les enquêteurs, «est un lieu d'endoctrinement pour les jeunes musulmans sans papiers, auxquels il est fourni de faux documents et de l'argent contre leurs activités subversives». Jusqu'à présent, comme le révèlent des enquêtes de journalistes, de nombreux lieux de cultes musulmans demeurent interdits à la police anglaise sans que cela l'inquiète outre mesure. De nombreux observateurs se demandent comment les enquêteurs ont arrêté des suspects, dont 5 Algériens, occupant des postes de bénévoles dans cette mosquée, alors que son responsable, au passé «trouble» et au discours pro-terroriste clair, est toujours laissé en liberté alors qu'il multiplie les attaques contre le gouvernement et ses appels au «djihad armé». Des sources et des analystes se demandent si cet intrigant Abou Hamza ne travaillerait pas pour les services secrets britanniques, s'il ne serait pas une sorte de Ben Laden anglais du temps où le responsable d'Al-Qaîda était choyé par les services secrets basés à Langley. A moins que la citoyenneté anglaise de ce Monsieur ne le prémunisse de ce genre de détentions ne nécessitant même pas d'inculpations suivant les nouvelles lois antiterroristes de Sa Majesté. Cela voudrait dire que les citoyens anglais seraient situés au-dessus de cette loi et que ce pays des droits de l'Homme qu'était le Royaume britannique est en train de sombrer comme l'ont fait, avant lui, les Etats-Unis d'Amérique. Deux certitudes, au moins, peuvent être mises en évidence. La première, pour reprendre les déclarations mêmes du Premier ministre britannique, Tony Blair, c'est que «la probabilité de subir des attentats terroristes à Londres et ailleurs en Europe de la part de groupes terroristes islamistes est de plus en plus importante». Une note secrète de Scotland Yard exhorte la police luxembourgeoise, un autre paradis pour islamistes, à faire montre de prudence et à adopter certaines règles de conduite afin de prévenir tout attentat majeur. La seconde, c'est que de nouveaux coups de filet dans les milieux algériens, après l'arrestation de ce «chef de réseau» sont devenus de plus certains, avec toutes les répercussions négatives qui en découleront sur les maquis algériens, désormais privés de leurs relais logistiques et humains dans le Vieux Continent. Dans le même temps, on apprend que deux Algériens, Baghdad Meziane, 37 ans, et Benmerzouga Brahim, 30 ans, ont comparu hier devant le tribunal de grande instance de Leicester après plusieurs semaines de détention préventive. Ils sont accusés d'occuper des postes de «responsabilité dans Al-Qaîda et de possession de 19 cassettes vidéo montrant des images incitant à la haine raciale ainsi qu'une batterie solaire suspectes à tous points de vue».