Les équipementiers doivent faire face à une crise de semi-conducteurs, car les pénuries devraient se poursuivre jusqu'en automne. La Fédération des industries des équipements pour véhicules (FIEV) vient de tirer la sonnette d'alarme et souhaite rapidement que "des discussions et actions s'organisent au sein de la filière automobile, qui s'inquiète notamment de l'importance de l'impact sur l'activité des équipementiers". Selon les dernières données, de l'Europe aux Etats-Unis, tous subissent cette pénurie qui provoque des retards de livraison et paralysent les chaînes de montage, d'autant que "ces composants sont devenus essentiels à la production des voitures modernes de nos jours (...) Ils sont utilisés pour la conception des ordinateurs de bord par exemple", illustre la FIEV. En effet, analysent des experts, depuis quelques mois maintenant, le secteur automobile fait face à une pénurie de semi-conducteurs, essentiels pour la fabrication des voitures. Les équipementiers sont inquiets pour l'avenir. Du coup, cette pénurie de composants oblige les constructeurs automobiles à réduire leur production. "En plus de la pandémie mondiale qui a des conséquences dramatiques immédiates sur l'ensemble du secteur automobile, avec les concessions qui restent fermées par exemple pendant les périodes de confinement, une pénurie de semi-conducteurs, essentiels à la production des voitures modernes de nos jours (composants présents dans les ordinateurs de bord par exemple), vient ajouter des difficultés à un secteur déjà affaibli", s'inquiètent les constructeurs. À titre d'exemple, aucun véhicule Peugeot 308 n'a pu sortir des chaînes dans le Doubs ou de Peugeot 5008 et de Citroën C5 Aircross dans l'Ille-et-Vilaine les 12 et 15 mars derniers. "Si l'on cumule les retards et les véhicules non produits, les conséquences pour les constructeurs sont importants, dans un contexte qui est d'autant plus fragilisé avec la crise sanitaire", s'inquiètent-ils encore. Aujourd'hui, tous les constructeurs sont touchés et la pénurie mondiale de puces électroniques impacte progressivement tous les constructeurs automobiles, qui sont obligés d'arrêter la production de leurs usines, au moins partiellement, depuis quelques semaines. Peugeot et Citroën (Stellantis) à Sochaux et Rennes, Renault à Sandouville, Volkswagen à Wolfsburg et Emden, General Motors ou Ford en Amérique du Nord sont contraints de freiner les chaînes de montage, de manière ponctuelle du moins. Selon la FIEV, ces derniers manquent de semi-conducteurs, et plus particulièrement de microcontrôleurs, qui sont devenus indispensables dans les voitures modernes. La pénurie pourrait durer jusqu'en automne 2021. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, un publireportage vient contredire les constructeurs, et de quelle manière ! Ce dernier émane du Morgan Stanley Capital International (MCI World Index), un indice boursier géré par MSCI mesurant la performance des marchés boursiers de pays économiquement développés. En substance, il ressort qu'"habituellement sanctionné en Bourse lors des phases de récession, le secteur des semi-conducteurs est sorti comme l'un des grands gagnants de l'année 2020. Il va continuer à s'imposer sur le plan stratégique". Du coup, lit-on, l'indice MSCI World des semi-conducteurs a affiché une hausse de 47% en 2020, en pleine pandémie, malgré une chaîne d'approvisionnement complexe et à risques. "Une illustration du caractère omniprésent de ce secteur, traditionnellement sanctionné en période de récession, mais devenu la colonne vertébrale des sociétés modernes. Sans lui, pas d'électronique grand public, d'aérospatiale, d'automobile, de finance, de médecine ou de commerce digitalisé", explique cet indice. MSCI World ira loin pour estimer que "les investisseurs sont prêts à payer plus : les ratios de valorisation atteignent des niveaux historiques, les ratios cours sur bénéfices sont en moyenne supérieurs et certains acteurs valorisés à des niveaux records. Mais tous ne se valent pas". Toutefois, MSCI World avoue qu'il existe une situation de pénurie ! "C'est ainsi que, malgré une production de processeurs à son maximum, des acteurs-clés de la Tech américaine souffrent de pénurie d'approvisionnement, que des géants comme Microsoft et Sony peinent à servir la demande sur leurs dernières consoles, ou enfin qu'Apple aura dû patienter un mois pour produire ses iPhone 12", reconnaît MSCI World. Et la dernière victime de la pénurie est l'industrie automobile : une voiture électrique intègre 1 000 à 3 000 semi-conducteurs mais n'offre pas la même rentabilité pour le fondeur de puces. Mais, plus stratégiquement, alors que les Etats-Unis et la Chine s'affrontent de manière indirecte, l'attention est portée sur TSMC : dans la course technologique, Taiwan semble affirmer son avance. Et si Intel ne rattrape pas son retard, l'île deviendra le plus grand enjeu technologico-stratégique des prochaines années, alors que la demande continue de croître via l'internet des objets et l'intelligence artificielle, conclut Mendon Qestaj, analyste pour les secteurs technologie, médias et télécoms chez Bordier. F. B.