L'ouverture des passages "verts" destinés exclusivement à l'exportation des produits agricoles vers les pays du Sahel et le renforcement des wilayas du Sud en moyens logistiques susceptibles de booster l'économie locale et nationale ont été les principales recommandations des participants à la rencontre nationale sur la promotion du commerce de troc et de l'exportation de produits agricoles vers les pays du Sahel qui s'est tenue, hier mardi, à l'université de Tamanrasset. Après avoir écouté les discours des ministres conviés à cette manifestation, à savoir les ministres de l'Agriculture et du Développement rural, du Commerce, de l'Industrie, des Travaux publics et des Transports et le ministre délégué chargé des PME auprès du Premier ministère, le débat a été ouvert aux opérateurs économiques qui ont saisi la balle au bond pour soulever les problèmes auxquels ils sont confrontés. Malgré les mesures incitatives annoncées par les représentants du gouvernement, les différents intervenants étaient unanimes à dénoncer les décisions en trompe-l'œil prises à l'encontre des commerçants de troc dans le Sud. D'après eux, l'acheminement actuel des marchandises en provenance de l'Afrique subsaharienne ne profite point à notre pays, car, expliquent-ils, la praticabilité de la nouvelle stratégie est contestée pour plusieurs raisons, dont l'incompatibilité des lois régissant le commerce de troc, l'absence des infrastructures de base dans le Sud, la dégradation des réseaux routiers, notamment la route de l'Unité africaine, la fermeture des frontières et la limitation des importations à seulement deux pays, en l'occurrence le Niger et le Mali. Les points liés au verrouillage des passages frontaliers, à l'absence de bureaux devant se charger des procédures administratives relatives au commerce de troc dans des wilayas autres que celles du Grand Sud et aux pertes essuyées par les importateurs dans le cadre de cette activité commerciale ont également été exposés par les opérateurs qui ont insisté sur l'érection de plusieurs plateformes d'échange. Ces dernières consistent principalement en l'organisation du trafic en étoile autour d'un nœud géographique permettant d'optimiser les liaisons vers le marché africain. Ces hubs d'échanges économiques donnent à l'Algérie, en général, et au Sud, en particulier, le moyen de construire un réseau plus efficace, tout en réalisant, grâce à la concentration des moyens matériels et humains, des économies d'échelle par rapport aux coûts de production et aux coûts de revient des produits destinés à l'exportation. En effet, c'est une alternative stratégique qui illustre l'insertion de l'Algérie dans l'espace africain et la mondialisation via la constitution d'une porte d'entrée internationale vers l'Europe. Ce faisant, préconise-t-on, l'Etat algérien doit rouvrir ses frontières Sud pour mener à bien cette stratégie qui vise, essentiellement, les marchés organisés et prendra toutes les mesures adéquates pour le développement d'une approche liée au marketing territorial, afin d'améliorer l'attractivité des marchés locaux et la compétitivité des produits destinés à l'exportation. Les efforts doivent être recentrés sur l'adaptation des secteurs d'activités clés, dont le commerce, le transport, l'agriculture et l'industrie manufacturière, aux nouvelles réformes basées sur la relance de l'investissement dans les zones frontalières, indique, pour sa part, Sayfeddine Telli, directeur du laboratoire chargé de l'investissement et du développement durable dans les zones frontalières à l'université de Tamanrasset.