Bien que la crise économique que vit le pays depuis juin 2014 n'ait pas provoqué jusqu'ici de tensions inflationnistes significatives, le tableau macroéconomique est loin d'être rassurant. Plusieurs indicateurs penchent sérieusement dans "la mauvaise direction", estiment des experts, qui citent en exemple les taux d'intérêt pratiqués pour les opérations de crédit à l'investissement (autour de 7%) et à la consommation (entre 9 et 12% dans certaines banques). La macroéconomie s'intéresse généralement à des situations d'équilibre général, c'est-à-dire des situations où les taux d'intérêt sont tout à la fois la cause et l'effet de l'activité réelle et financière. Elle a une incidence sur l'accès au crédit et sur les taux d'intérêt des prêts. En Algérie, l'accès au crédit a commencé à devenir problématique même pour les entreprises saines. Et de nombreux chefs d'entreprise s'en plaignent. À qui la faute ? Incombe-t-elle exclusivement aux banques ? Dans un contexte de crise sanitaire, les banques évoquent souvent l'argument de la pandémie. Toutefois, pour certains observateurs, celles-ci ne sont pas "les seules à blâmer", il y a aussi la "politique monétaire" dont l'application reste insuffisante, même si elle a été relativement accommodante. La politique monétaire a été appelée pour combattre l'inflation. Et elle s'est avérée efficace. Néanmoins, elle aura inhibé la demande interne, les investissements et la reprise économique. Conduite simultanément avec une politique budgétaire expansionniste, elle aura également concouru à une hausse des taux d'intérêt. Cette politique tend-elle à renchérir le loyer de l'argent au détriment de l'activité économique et à priver le secteur privé des fonds nécessaires à l'investissement productif ? "La cherté du loyer de l'argent, tout en offrant un meilleur rendement sur l'épargne, peut entraîner le déclin de l'investissement et ralentir l'achat de biens de consommation durables", fait observer Souahil Meddah, expert financier. "En revanche, ajoute-t-il, les faibles taux d'intérêt favorisent l'expansion du crédit, stimulent la demande dans les secteurs sensibles au loyer de l'argent comme les achats de biens durables de consommation et le logement, tout en soutenant les investissements." L'expert estime que "le marché financier étant très fragmenté, les demandeurs de crédits ne peuvent s'adresser qu'aux banques commerciales". Souahil Meddah indique, en outre, que la politique monétaire aura, peut-être, tendance à "se raidir encore" si le fardeau de la dette publique devient "trop lourd". Le niveau d'endettement des entreprises et de l'Etat (dette publique) par rapport à la taille de l'économie et aux revenus du pays reste élevé en Algérie. Si la Banque centrale s'impliquait dans la gestion de cette dette, elle exigerait des banques primaires un taux d'intérêt plus rémunérateur, c'est-à-dire encore plus élevé. Pourtant, cette politique monétaire axée sur le maintien d'un taux d'inflation relativement bas devrait permettre de préserver la valeur de la monnaie et à promouvoir la bonne tenue de l'économie. Or, la valeur du dinar s'est érodée et l'économie est entrée en récession. D'autres points de vue sur ce thème ont été apportés par d'autres experts qui estiment que la Banque centrale mène une politique monétaire "prudente" et a "réduit" le taux directeur. C'est aux banques commerciales, expliquent-ils, qu'il revient d'assumer "la plus grande part de responsabilités, en jouant pleinement leur rôle dans le cadre de cette politique".