Il n'y a plus aucun moyen pour les Algériens vivant à l'étranger ou bloqués en France de rejoindre le territoire national. L'ambassade d'Algérie à Paris vient de rendre public un communiqué qui annonce la prolongation de la suspension des vols de rapatriement assurés par Air Algérie et le gel de délivrance, jusqu'à nouvel ordre, des autorisations d'accès au territoire national via des compagnies étrangères. Ces autorisations étaient délivrées aux accompagnateurs familiaux de dépouilles mortuaires et à des personnes en fin de traitement médical en France. "Il est porté à la connaissance des ressortissants algériens établis dans notre circonscription consulaire que l'octroi des autorisations exceptionnelles d'accès au territoire national, au profit des accompagnateurs des dépouilles de leurs proches, est suspendu jusqu'à nouvel ordre", a, notamment, indiqué le consulat algérien de Lyon dans un communiqué publié avant-hier. Sur les réseaux sociaux, cette décision a suscité de vives réactions. "C'est tout simplement inhumain", s'est indigné un compatriote de Strasbourg. Veuve depuis le 1er avril, Hassiba, habitant l'est de la France, révèle avoir obtenu dans un premier temps une autorisation pour accompagner la dépouille de son conjoint. Le consulat algérien de Nantes l'a, toutefois, rappelée mardi dernier pour lui signifier que cela n'était plus possible. "J'ai tenté en vain de faire intervenir des connaissances. J'ai fini ensuite par me résigner en acceptant que mon mari soit enterré sans ma présence ni celle de ses enfants", confie l'Algérienne au téléphone. Outre les proches des personnes décédées, le gel des autorisations spéciales d'entrée sur le territoire national affectent d'autres catégories de compatriotes. C'est le cas, notamment, de certains étudiants qui souhaitent absolument retourner en Algérie, compte tenu de la dégradation de leur situation financière. Amel, étudiante en biologie, se démène depuis des semaines pour trouver un moyen pour rejoindre sa famille. "Les cours se déroulant à distance, je pourrai toujours les suivre depuis l'Algérie. Ici, mes conditions de vie sont de plus en plus mauvaises. Je n'ai plus de travail à cause de la Covid et donc plus suffisamment d'économies pour régler mon loyer et prendre en charge mes dépenses quotidiennes", déclare la jeune fille. À la reprise des vols de rapatriement en décembre 2020, les autorités algériennes avaient mis en place un système de dérogation qui permettait à certains compatriotes résidant à l'étranger d'accéder au territoire national, soit pour rendre visite à un parent très malade, soit pour assister à l'enterrement d'un membre de la famille. La suspension des autorisations exceptionnelles pour les accompagnateurs des dépouilles mortuaires n'a pas été justifiée officiellement. Cette décision, assez inattendue, intervient quelques jours après la diffusion dans la presse d'une circulaire du ministère des Affaires étrangères qui stipulait le contraire. Samia Lokmane-Khelil