Résumé : Même si son temps était partagé entre les études et son travail de receveur, il ne cessait de penser à Djamila et espérait son retour. Il avait sympathisé avec des agents de sécurité, tenant à être au courant des derniers événements dans la région. Il revoyait de temps à autre son ami Zaher qui lui conseilla d'écouter son père, de rester loin de la région. Mais avant tout, d'oublier Djamila. Sa séquestration au maquis la marquera à vie si elle réussit à s'enfuir. -C'est l'enfer là-bas. Si elles sont enlevées, ce n'est pas pour servir de bonne à tout faire. Elles sont mariées aux terroristes. L'autre fois, quelqu'un m'a raconté que son fils, un militaire engagé, leur a rapporté qu'ils s'étaient accrochés avec des terroristes et qu'ils avaient libéré deux femmes et qu'elles avaient des bébés. Ils sont nés au maquis. Cela faisait deux ans qu'elles avaient été enlevées. Leurs familles les croyaient mortes. Je crois même qu'elles l'auraient préféré. Djamel s'emporte contre son ami. - Moi, je m'accroche à l'espoir de la revoir. Je sais qu'elle n'est pas dans un club de vacances. Moi aussi, je vis un enfer. J'espère et j'ai peur. Les leçons que vous me donnez m'agacent. Ma vie n'a plus aucun sens depuis qu'elle a été enlevée. Je vis dans l'attente et la peur d'apprendre qu'il lui soit arrivé malheur. - Mon frère, je ne veux pas me fâcher avec toi et je ne veux pas te briser, insista Zaher. Tu devrais te tourner vers l'avenir. Djamila t'empêche de vivre. - L'avenir, c'est Djamila. Elle est l'amour de ma vie. Tu vas me prendre pour un fou, mais parfois j'entends sa voix. Quand je la rêve, je reprends espoir. Vivre avec son souvenir m'empêche de devenir fou. Je croyais que tu étais mon ami, mon frère, et que tu me comprenais. - Si tu continues comme ça, tu vas te gâcher la vie. Tant pis si on se fâche. Mais tu devrais l'oublier. - On n'est pas sur la même longueur d'ondes. Elle vit en moi. Je l'attendrai. - Djamel, je te jure que ça me coûte de te dire ces vérités. Mais tu sais ce qui arrive à celles qui ont mauvais caractère ? Lorsqu'ils sont las d'elles, ils les tuent. Ils peuvent avoir enterré les corps quelque part. Je ne sais pas. Je ne crois pas qu'ils vont afficher les noms de leurs victimes à la mosquée. - C'est vrai. Mais tu viens de me donner une idée. Toi, tu es un ami. Même si je ne suis pas d'accord avec ta façon de penser. Les deux amis se séparèrent le lendemain. Zaher rentra chez lui et Djamel en fit autant. Mais il y resta juste le temps de prendre une douche, de se changer puis de goûter avec ses parents. Ils étaient surpris de le voir sortir. Ce n'était pas dans ses habitudes. Quand il ne travaillait pas ou n'étudiait pas, il restait dans sa chambre. - Mais où vas-tu comme ça ? - Je vais prier. - Comment ? Depuis quand pries-tu ?, l'interrogea Meriem, tout émue. - À partir d'aujourd'hui, répond Djamel. À part Allah, personne ne peut me ramener mon amie. Il n'y a pas plus Puissant qu'Allah. - Inchallah ya wlidi. Puisque tu tiens autant à elle. Inchallah vous vous retrouverez, souhaita-t-elle en le suivant jusqu'à la porte. Elle ne ferma pas tout de suite. Elle lui donna sa bénédiction et pria pour qu'il ne quitte jamais le droit chemin. Elle poussa la porte lorsqu'il disparut de son champ de vision. - Tu as vu Fayçal comme il a mûri. En plus de gagner son argent de poche, d'étudier, il s'est mis à prier. Qu'Allah l'aide à retrouver son amie ou à l'oublier. Mon fils ne mérite pas de gâcher ses plus belles années et à vivre dans la tristesse. - C'est dur à vivre. Imagine si la pauvre petite est encore entre leurs mains, elle doit vivre un enfer. Moi-même, si j'avais été enlevé, tu passerais ton temps à m'attendre, à me chercher. Dis-moi, est-ce que tu m'aurais abandonné ? Meriem baissa les yeux, tout en secouant la tête. - Non, non. Tu me connais. Je ne t'abandonnerai jamais. - Alors ne demande pas à Djamel ce que toi-même tu ne ferais pas, lui conseilla-t-il. Quand il rentrera, je lui parlerai. Meriem se demanda si ce n'était pas le second miracle de la journée. Fayçal s'inquiétait pour leur fils. L'espoir revint en elle. Allah ne les avait pas abandonnés.
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