Pour tamazight et le changement, des centaines de manifestants de la diaspora algérienne au Canada ont pris part ce dimanche à Montréal à la marche organisée à l'occasion du 41e anniversaire du Printemps berbère. La manifestation était également une halte pour rappeler le souvenir douloureux du Printemps noir de 2001. Plus de 126 jeunes y avaient été assassinés par des gendarmes en Kabylie. La place du Canada, point de départ de la manifestation, a été prise d'assaut dès 10h. La sonorisation amplifiait les voix de la protest song des années 1970 et 1980, comme pour booster la mobilisation citoyenne, en rappelant comment la revendication identitaire et démocratique a émergé sur la place publique. Une émergence qui a donné naissance au combat pacifique, inconnu jusque-là dans les mœurs politiques algériennes régies par la violence du parti unique. Des couleurs bariolées ajoutent du charme à la manifestation organisée dans un esprit bon enfant, mais dans le respect des mesures sanitaires imposées par la pandémie de Covid-19. Les organisateurs s'affairaient à régler les dernières retouches avant le coup d'envoi de la manifestation qui a débuté avec une heure de retard. Etendard amazigh et drapeau national étaient déployés fièrement dans le ciel de Montréal. Le coup d'envoi de la marche a été donné aussitôt les premiers carrés constitués, avec le déploiement d'une forêt de pancartes aux slogans et mots d'ordre rappelant l'engagement des Algériens en faveur des libertés, de toutes les libertés. Un contraste n'a pas échappé à une manifestante qui a noté l'accompagnement pacifique de la police montréalaise et la répression qui rythme souvent les manifestations dans les rues algériennes. "C'est peut-être ça la démocratie, manifester en toute liberté", tente-t-elle de philosopher. Les marcheurs scandent à gorge déployée des slogans qu'on a l'habitude d'entendre lors des manifestations du Hirak. "Système dégage", "Algérie libre et démocratique", "Ulac l vote ulac", scande-t-on. Les détenus du Hirak n'ont pas été oubliés, puisque les marcheurs ont réclamé leur libération. "En démocratie, on n'emprisonne pas des citoyens pour leurs idées", a pesté un manifestant, qui a brandi une pancarte avec le cliché des détenus du Hirak en grève de la faim. Après la rue Peel, les manifestants ont bifurqué par la rue Sherbrooke pour poursuivre l'itinéraire jusqu'au consulat général d'Algérie à Montréal, où un rassemblement a été improvisé. La procession humaine a été précédée par un camion à écran sur lequel défilaient des portraits des victimes du Printemps noir et balafré de cette profession de foi : "Un peuple uni ne sera jamais vaincu." Les marcheurs ont promis de revenir dimanche prochain pour participer à la manifestation dominicale de soutien à la révolution du sourire. Yahia Arkat