Ce slogan générique résume la quintessence de la problématique du changement systémique réitéré dimanche, à Montréal, à l'occasion de la marche de la diaspora de soutien à la Révolution du sourire. Pour les centaines de manifestants qui ont battu le pavé des rues montréalaises à l'occasion de la Fête de l'indépendance, cette "loi non écrite" de la prééminence des militaires sur le pouvoir civil reste le verrou qui empêche la consécration pleine et entière de la citoyenneté. Dès 11h, des groupes de manifestants arrivaient à la place du Canada, point de départ de la manifestation. La sonorisation amplifiait déjà les chants patriotiques, alors que Montréal sortait de son déconfinement imposé par la crise sanitaire. Les organisateurs s'affairaient à régler les derniers détails avant le coup d'envoi devant des policiers qui étaient là non pas pour réprimer les manifestants, mais pour leur baliser le chemin. "Qu'est-ce qui empêche la police algérienne de faire de même ?" s'est interrogée une manifestante, le drapeau national sur les épaules. La banderole portée par le premier carré met justement en garde le pouvoir sur sa propension à recourir à la répression, devenue un véritable violon d'Ingres. "Halte à la répression", y lit-on. Des autres carrés fusaient des slogans habituels du Hirak. "Libérez les détenus", "Le peuple veut l'indépendance", "Pouvoir assassin", scandait-on à tue-tête. "Djazayer horra dimocratiya", répliquaient des femmes, visiblement nombreuses. La marche a emprunté la rue Peel avant de bifurquer sur la rue Sherbrooke pour finir devant le consulat algérien à Montréal. La procession humaine aux couleurs nationales et amazighes poursuivait son petit bonhomme de chemin dans une ambiance bon enfant. Toujours fidèle au rendez-vous, la mascotte du Hirak, Djamel Témiscamingue, brandissait ses caricatures à l'humour corrosif, capable d'arracher un fou rire à une statue en zinc. Devant le consulat, les manifestants ont crié leur rejet du pouvoir qu'ils invitent à déguerpir, comme pour rappeler la revendication historique de la révolution du 22 février : "Yetnehaw gaâ !" Un intervenant a lu une déclaration dans laquelle est rappelée l'illégitimité qui a frappé tous les régimes politiques qui se sont succédé depuis l'indépendance. "Nous sommes là pour dire que le Hirak n'est pas fini et que ses revendications sont toujours d'actualité", a-t-il déclaré. Et à la foule de répliquer : "Ulac smah ulac !", avant de se disperser dans le calme, après que Qassaman eut déchiré le ciel de Montréal.