Les quatorze syndicats autonomes réclament des mesures urgentes en attendant de revoir la politique salariale dans sa globalité. La grève de trois jours enclenchée dimanche dernier par les travailleurs de l'éducation nationale a connu une large mobilisation et ce, malgré les mises en garde du gouvernement qui a évoqué " une exploitation de l'activité syndicale". C'est du moins ce qui a été soutenu par les quatorze syndicats à l'origine de cette initiative de contestation. Faisant front commun dans le cadre d'une intersyndicale, ces derniers ont déploré hier "le silence de la tutelle" qui, de leur avis, "n'augure rien de bon" et annoncent "une réunion après l'Aïd pour décider des suites à donner" à leur mouvement de contestation. Pour Sadek Dziri, SG de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), les choses sont claires : "Il nous faut des mesures urgentes que les pouvoirs publics doivent prendre en attendant de revoir la politique salariale." Il poursuit : "Nous avons besoin d'un geste fort de la part des pouvoirs publics, à l'exemple d'une prime spéciale pour le secteur de l'éducation, en attendant de se pencher sur la révision du volet inhérent à la politique salariale." Zoubir Rouina, SG du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), réclame, quant à lui, "du concret", soutenant que "le dialogue ne se sert à rien, si ce n'est qu'à nous faire perdre du temps, notamment lorsqu'il y a absence de volonté réelle d'aller vers le règlement du conflit". Il rappelle à ce titre : "La révision du statut particulier des travailleurs de l'éducation nous a valu 55 réunions menées au bout de trois années de dur labeur pour aboutir à du néant. Le dossier pourrit aujourd'hui dans les tiroirs du ministère de l'Education nationale sans que personne daigne en tenir compte." C'est donc encore une fois un dialogue de sourds qui s'installe entre le ministère de tutelle et les syndicats du secteur, traduisant un conflit où chaque partie campe sur ses positions. Boualem Amoura, SG du Satef, qui s'étonne "du silence du ministère de l'Education autant que du gouvernement qui préfèrent ignorer les instructions du président", persiste et signe que "le conflit est loin d'être fini". Joint par téléphone, il nous a affirmé hier que "l'intersyndicale se réunira la semaine prochaine pour décider des suites à donner à cette grève qui n'a pas dit son dernier mot". Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, a, de son côté, fait part de "sa crainte" de voir les syndicats autonomes exclus du dialogue : "Le Premier ministre parle de dialogue qui, nous l'espérons, ne se fera pas sans nous. Il faut qu'on arrête de diaboliser les syndicats autonomes et qu'on les traite comme un partenaire social à part entière de par leur représentativité." Il ajoute : "Nos revendications socioprofessionnelles sont légitimes. Il faut une politique salariale basée sur une justice sociale. Il ne peut en être autrement."