La 116e marche du mardi à Alger n'a pas eu lieu pour la troisième fois consécutive. Mais cela n'a pas empêché les services de sécurité de procéder à une série d'arrestations parmi les étudiants et les citoyens venus les soutenir. La 116e marche du mardi à Alger n'a pas eu lieu pour la troisième fois consécutive. Mais cela n'a pas empêché les services de sécurité de procéder à une série d'arrestations parmi les étudiants et les citoyens venus les soutenir. Des journalistes et photographes, au nombre de six, présents à la place des Martyrs, d'où cette manifestation démarrait habituellement depuis deux ans ont été également interpellés. Parmi les professionnels de la presse arrêtés hier, malgré la vérification de leurs identités avant d'être relâchés en milieu d'après-midi : Khaled Drareni, Feriel Bouaziz, Mustapha Bestami et les photographes Sami Kharoum et Hakim Hammiche. Depuis quelques semaines, les journalistes assurant la couverture des manifestations du mardi à Alger sont systématiquement soumis à des pressions par les services de sécurité qui procèdent à la vérification de leurs identités, bien qu'ils soient connus de tous. Mais, encore une fois, rien ne vient justifier ces arrestations. Aussi et outre les manifestants interpellés dès les premières heures de la matinée, embarqués dans les véhicules cellulaires de la police et conduits vers des destinations inconnues, une vingtaine d'autres personnes ont été interpellées en début d'après-midi près de la gare ferroviaire Agha. Il faut dire que les services de sécurité sur la brèche ont, comme les mardis précédents, quadrillé les principales artères d'Alger. Des voitures de police, beaucoup moins visibles que les camions, ont été stationnées tout au long de la rue Didouche-Mourad. À l'intérieur du tunnel de la Faculté centrale, une file de voitures et de camions de la police occupaient une partie des lieux, a-t-on constaté sur place. Tout individu qui se hasardait à s'arrêter à la place des Martyrs est quasi systématiquement interpellé par des policiers en civil, lesquels vérifient son identité avant de le laisser partir. Un traitement similaire a été réservé à la marche de Béjaïa où la communauté universitaire a été également empêchée de manifester, la cinquantaine de manifestants partis du campus Targa Ouzemour ayant été stoppés à hauteur de la cité Brandy. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées après le refus des manifestants de se disperser, selon nos correspondants locaux. Les manifestants ont décidé alors de tenir un sit-in devant le bouclier humain formé par les policiers antiémeutes en scandant à tue-tête leurs slogans habituels, tels que "Pouvoir assassin", "Nous sommes des étudiants et non des voyous", "Silmiya, silmiya, Béjaïa hadharia" (pacifique, Béjaïa est civilisée). Parmi les manifestants arrêtés, figure l'enseignant universitaire et syndicaliste Ahmed Benberkane, coordinateur de la section syndicale du Sess (Syndicat des enseignants du supérieur solidaires) de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa. En réaction à cet empêchement de la marche et aux arrestations de manifestants par la police, la section syndicale du Sess a rendu publique une déclaration dénonçant cette "répression féroce" des manifestants en exigeant leur "libération immédiate et inconditionnelle". Mais contrairement à Alger et à Béjaïa, à Tizi Ouzou, la marche du mardi a pu se dérouler, empruntant le même itinéraire habituel en provenance du campus Hasnaoua. Entamée vers 11h30, les étudiants, joints par de nombreux citoyens, ont brandi des pancartes et des portraits des détenus politiques et d'opinion dont ceux de notre collègue Rabah Karèche, correspondant de Liberté à Tamanrasset, en prison depuis trois semaines maintenant. "Libérez les détenus, libérez les otages", "Tilelli i mahves" (liberté pour les détenus), "Libérez la justice", ont scandé les manifestants, en plus des slogans habituels de la révolution populaire du 22 février 2019, tels que "Système dégage" et "Dawla madania, machi askaria" (Etat civil et non militaire).