Pour le deuxième mardi consécutif, la marche hebdomadaire des étudiants n'a pas eu lieu hier à Alger, ou plusieurs arrestations ont eu lieu à la place des Martyrs dès les premières heures de la matinée et qui se sont poursuivies jusqu'en début d'après-midi à proximité de la mosquée Errahma, située au cœur de la capitale. Des dizaines de personnes, entre étudiants et citoyens, ont été interpellées et embarquées dans des fourgons cellulaires, a-t-on constaté sur place. Entamée d'ordinaire depuis la place des Martyrs, les étudiants ont décidé, cette fois-ci, de changer d'itinéraire en tentant de converger vers la rue Didouche-Mourad, choisie comme lieu de départ de leur 115e manifestation. Mais sur place, un dispositif policier impressionnant (véhicules, policiers antiémeute et agents en civil) a été mis en place, signe de la volonté des autorités d'étouffer cette manifestation. Contraints, les étudiants se sont déployés dans les ruelles avoisinantes, dans un hypothétique espoir d'être soutenus par les citoyens. Mais en vain. Car, des figures connues parmi les citoyens soutenant les étudiants n'ont pas échappé à leur tour à la vague d'interpellations. À l'approche de la prière du dohr, la police a accentué la pression autour de la mosquée Errahma, où certains étudiants ont battu en retraite, terrorisés à l'idée de se faire embarquer comme leurs camarades, dont des visages connus de la contestation estudiantine et qui ont déjà fait l'objet de nombreuses interpellations. Contrairement à Alger et malgré leur nombre réduit, les étudiants ont été au rendez-vous, à Tizi Ouzou, soutenus par des citoyens, en battant le pavé sur le parcours traditionnel, du campus de Hasnaoua jusqu'à la place de l'Olivier, à l'autre bout de la ville. Tout au long de l'itinéraire de la marche, les manifestants, qui ont brandi des portraits d'Abane Ramdane et de Lounès Matoub, ont repris les slogans habituels du Hirak dont notamment : "Système dégage" et "Dawla madania, machi 3askaria" (Etat civil et non militaire). Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Pas de nouvelle Algérie sans Hirak", "Libérez les détenus" et "Ulac l'vote ulac" (pas de vote), en référence au scrutin législatif du 12 juin prochain, ont été également brandies par les manifestants. La marche s'est déroulée dans le calme, en présence d'un dispositif policier important. Ambiance similaire à Béjaïa où la 115e marche de la communauté universitaire n'a pas drainé beaucoup de monde. Effet du Ramadhan, lassitude ou contraintes diverses, c'est la première fois depuis le début de la révolution populaire, enclenchée le 22 Février 2019, qu'une marche de la communauté universitaire de Béjaïa enregistre une faible, voire très faible mobilisation dans les rangs estudiantins et des enseignants.