Une seconde conférence de Berlin sur la Libye est en cours de préparation, a indiqué le ministre allemand des Affaires étrangères, lors d'un déplacement mercredi 12 mai à Rome, précisant qu'elle aura lieu après la mi-juin. Cette nouvelle conférence internationale intervient dans un contexte d'incertitudes en Libye où le gouvernement d'union nationale se trouve confronté aujourd'hui à de nombreux défis et qui a, à nouveau, besoin d'un soutien international afin de consolider un cessez-le-feu toujours fragile. Le décor est ainsi planté : les deux camps opposés, en Tripolitaine et en Cyrénaïque, font des démonstrations de force, le gouvernement n'a pas pu arracher le vote du budget, les mercenaires sont toujours présents sur le sol libyen, et la route côtière principale qui relie toutes les villes libyennes, et qui est essentielle à la libre circulation, est toujours fermée. En janvier 2020, la conférence de Berlin, qui a mis en place une feuille de route pour une sortie de la crise libyenne, avait pourtant posé comme condition pour réunifier le pays le départ des mercenaires étrangers et la dissolution des milices. Selon l'ONU, quelque 20 000 mercenaires et combattants étrangers au total seraient toujours présents en Libye : des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, Soudanais, Syriens... Mais aussi plusieurs centaines de militaires turcs présents en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli. De son côté aussi, l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar qui contrôle la Cyrénaïque et le sud du pays affirme qu'elle n'a "aucun lien avec le gouvernement provisoire". D'où l'importance de la tenue de cette conférence en présence des pays impliqués dans ce conflit, comme la Russie ou la Turquie, qui devraient s'engager à nouveau à quitter le pays. La mise en orbite d'un gouvernement d'union nationale à l'issue du forum de dialogue politique, initié en février dernier sous l'égide de l'ONU à Genève, avait donné des espoirs de mettre fin à dix ans de chaos dans le pays. Mais si le gouvernement Abdelhamid Dbeibah a obtenu en mars dernier un vote de confiance qualifié d'"historique" au Parlement, et a été investi de la mission d'unifier les institutions du pays, notamment l'institution militaire, cette mission semble compromise en raison de la réapparition de ces divisions. Les milices armées continuent d'imposer leur règne de chaos. Les meurtres et les tortures, de véritables crimes contre l'humanité, continuent d'être commis en toute impunité. Sur le plan politique, le gouvernement a connu deux crises majeures, suite notamment à l'appel lancé par la chef de la diplomatie Najla El-Mangoush pour le départ des troupes turques de la Libye qui lui a valu d'être recadrée par le conseil d'Etat libyen. La MAE libyenne s'est aussi distinguée par la décision de mettre fin aux fonctions de trois ambassadeurs libyens, créant ainsi une polémique avec le président du conseil présidentiel Al-Manfi. En définitive, la résurgence de ces divisions, pousse plusieurs observateurs à penser que les chances du gouvernement Dbeibah d'organiser des élections en moins de sept mois sont très minces. Ce qui fera augmenter la probabilité d'un retour d'un conflit. A. R.