L'affaiblissement des cours du pétrole aggraverait le déficit de la balance des paiements qui, à son tour, accélérerait la contraction du stock en devises. Les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont conclu la semaine dernière que l'équilibre extérieur de l'Algérie est tributaire d'un baril à 80,30 dollars en 2018 et à 78,90 dollars en 2019. C'est-à-dire qu'en dessous de ces seuils, les comptes extérieurs resteront déficitaires et entraîneront de facto l'érosion des réserves de change ; un élément non des moindres qui atteste encore de la solvabilité du pays. Le stock en devises du pays s'est rétréci comme peau de chagrin depuis 2014, chutant d'un plus haut de 194 milliards de dollars à 88 milliards de dollars à juin 2018, marquant ainsi une perte sèche de près d'environ 105 milliards de dollars. Les réserves de change continueront à évoluer à la baisse tant que la balance des paiements ne quitte pas la zone rouge ; elles dépendent de la rentabilité du baril de Brent qui vient de clôturer la semaine à 67 dollars, bien en deçà du niveau d'équilibre extérieur aussi bien pour l'actuel exercice que pour le prochain. Sur les trois prochains exercices 2019-2021, le déficit de la balance des paiements se chiffrerait à 17,2 milliards de dollars en 2019, à 14,2 milliards en 2020 et 14 milliards en 2021, entraînant ainsi un une contraction des réserves de change à 62 milliards de dollars en 2019, à 47,8 milliards de dollars en 2020 et à 33,8 milliards de dollars en 2021. Face à ce tableau de bord aux voyants rouges, l'Exécutif ne fait que repousser sine die l'heure de la réforme qui, pourtant, n'a jamais semblé aussi urgente. L'incertitude politique autour de la succession ne fait que complexifier l'équation budgétaire, dès lors que les réformes à mener, aussi douloureuses soient-elles, nécessitent à la fois de l'ingéniosité, du courage politique et de la légitimité par-dessus tout. La rechute récente des cours du brut, cédant environ 20% de sa valeur en six semaines, l'une des plus fortes glissades depuis 2016, a fait ressurgir le spectre d'insolvabilité à court terme sous l'effet d'une fonte accélérée des réserves de change. Sur le papier, l'affaiblissement des cours du pétrole aggraverait le déficit de la balance des paiements qui, à son tour, accélérerait la contraction du stock en devises. À moins que le gouvernement ne se réveille en sursaut, comme d'un cauchemar, voire d'un long coma et tente sans délai un rééquilibrage budgétaire rigoureux et non sans douleur. Il va falloir revenir très rapidement à l'assainissement des finances publiques abandonné en 2017, à l'application de réformes économiques et budgétaires structurelles, à changer de modèle de croissance, à raboter la facture d'importation et à soutenir les exportations hors hydrocarbures. Faute de quoi, le compte à rebours vers une détérioration plus prononcée des comptes extérieurs sera inévitable, ce qui se traduirait par le retour à la dette extérieure ; laquelle ne se fera qu'à des conditions pour le moins onéreuses et douloureuses. Ali Titouche