La journaliste Kenza Khattou fait face à un lourd réquisitoire du procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Ainsi, le représentant du ministère public a requis, hier, lors du procès de la journaliste un an de prison ferme. Kenza Khattou est poursuivie pour, entre autres, "atteinte à l'unité nationale, publications de nouvelles pouvant porter atteinte à l'intérêt national, incitation à attroupement non armé et outrage à corps constitués". Elle est accusée en vertu des articles 100, 144 bis, 146, 78 et 96 du code pénal. Le verdict de l'affaire est mis en délibéré pour le 1er juin prochain. Kenza Khattou, pour rappel, a été arrêtée alors qu'elle assurait la couverture médiatique d'une marche du mouvement populaire à Alger le 14 mai dernier. Maintenue en garde à vue durant plusieurs jours, Kenza Khattou a été présentée devant le procureur de la République le 17 mai 2021. Le procureur avait décidé de sa comparution immédiate, avant que la justice ne décide de renvoyer son procès à hier. Un procès qui a mobilisé plusieurs avocats, tant l'affaire concerne une journaliste arrêtée dans le cadre de l'exercice de sa fonction. Selon Me Fetta Sadat, "l'arrestation, puis les poursuites engagées contre la journaliste Kenza Khattou sont d'une extrême gravité". Pour l'avocate, il s'agit d'une atteinte flagrante, d'une part "à la liberté de la presse", et ensuite "au droit des citoyens d'être informés". Tout en dénonçant ces poursuites et cette répression, Me Fetta Sadat a déploré le recours à ces réactions, contraire à la Constitution qui garantit le droit de manifester et la liberté de la presse, mais aussi en contradiction avec les conventions internationales ratifiées pourtant par l'Algérie. Depuis quelques semaines, les poursuites de journalistes pour leurs écrits se multiplient. Rabah Karèche, correspondant de Liberté à Tamanrasset croupit en prison depuis plus d'un mois, pour avoir assuré la couverture médiatique d'une manifestation publique. El-Kadi Ihsène est également poursuivi pour ses écrits, suite à une plainte du ministère de la Communication. Plusieurs autres journalistes ont fait également l'objet de poursuites judiciaires pour leurs écrits.