Les Algériens de France ont manifesté hier pour la seconde semaine consécutive partout dans l'Hexagone pour réclamer l'ouverture intégrale des frontières et l'annulation de la quarantaine imposée aux voyageurs à leur arrivée en Algérie. Des rassemblements ont été organisés simultanément en début d'après-midi devant l'ambassade d'Algérie à Paris et plusieurs consulats, dans la région parisienne, à Lille, à Lyon, à Toulouse et à Marseille. "Pas de conditions pour l'ouverture des frontières", a notamment scandé la foule massée en face des locaux de la chancellerie, située rue de Lisbonne, à Paris. Le rassemblement, autorisé par la préfecture de police de Paris, s'est déroulé sous la surveillance de plusieurs agents dépêchés sur les lieux pour maintenir l'ordre. "L'ambassade a fait appel à la police pour faire croire que nous sommes des gens dangereux. Nous ne réclamons pourtant qu'une chose : pouvoir retourner chez nous", a pesté une dame rencontrée sur place. Beaucoup d'autres manifestants ont laissé exploser leur colère dans un mégaphone qui passait de main en main. "Nous sommes des Algériens. Nous voulons rentrer dans notre pays. Dans quelle langue devons-nous vous le demander ? Laissez-nous aller voir nos parents et nos proches", a exigé un jeune, sous les applaudissements de l'assistance. Un autre manifestant a déploré le spectacle affligeant offert aux passants. "Nous sommes devenus la risée du monde. Aucun autre pays ne limite la liberté de circulation de ses propres ressortissants", a-t-il observé. Dans le programme des vols annoncé par le gouvernement, trois liaisons uniquement sont autorisées entre la France et l'Algérie. La faiblesse de l'offre a entraîné d'ores et déjà l'épuisement de tous les billets d'avion pour les dessertes prévues en juin. Hier, Air Algérie a fait savoir que son site d'achat en ligne fait l'objet d'une "saturation temporaire", pour justifier sans doute l'impossibilité pour les clients de faire des réservations pour juillet, août et les mois suivants. Nos compatriotes en France ne peuvent plus acquérir des billets en agence, car les deux points de vente de Paris et de Marseille ont été fermés lundi dernier, à la suite de bousculades. "Au téléphone, Air Algérie ne répond pas non plus. D'ailleurs, je me demande comment les premiers voyageurs arrivés en Algérie ont procédé pour acheter leur billet", s'est demandé Arezki, qui manifestait également devant l'ambassade. Pour cet Algérien, la perspective de partir en Algérie cet été est devenue une illusion. "On brandit le spectre de la Covid pour filtrer le retour des émigrés. C'est une honte", s'est indigné notre interlocuteur. Celui-ci a déploré par ailleurs le dispositif d'exemption des frais de quarantaine décidé par le Conseil des ministres au profit des étudiants et des personnes âgées à faible revenu. "Les vieux retraités déjà très malmenés doivent maintenant courir les consulats pour prouver qu'ils sont pauvres et éligibles à l'enfermement gratuit pendant cinq jours dans un hôtel", ironise Arezki. Jeudi dernier, l'ambassade d'Algérie à Paris a publié un communiqué pour informer que les ressortissants algériens concernés par la dispense des frais de confinement doivent fournir au consulat ou à l'ambassade (par mail) des justificatifs de revenus.