Des sit-in devant l'ambassade et les consulats sont prévus lundi prochain. Des regroupements dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy sont également envisagés. Des milliers de ressortissants algériens bloqués en France depuis mars dernier continuent à vivre le martyre. Jeudi dernier, plusieurs d'entre eux ont organisé des sit-in devant les locaux de l'ambassade à Paris et des consulats de Marseille, de Lille, de Lyon, de Grenoble, de Nice et de Montpellier, pour réclamer à nouveau leur rapatriement. "L'Etat algérien a bien réussi à emmener des centaines de supporters au Soudan en 2009. Pourquoi refuse-t-il d'envoyer des avions pour nous permettre de rentrer chez nous ?", s'élève Amine, un des manifestants devant le siège de l'ambassade, rue de Lisbonne dans le VIIIe arrondissement. Comme lui, d'autres participants au rassemblement demandent la mise en place d'un pont aérien afin d'assurer les opérations de rapatriement. "Notre attente ressemble de plus en plus à une agonie. Personnellement, j'ai peur que mon cœur lâche", craint Houari, la cinquantaine. Arrivé en France le 6 mars pour une quinzaine de jours, il est depuis séparé de son épouse et de ses enfants. Epuisés par l'attente, ses proches ont décidé de manifester avec d'autres familles, il y a quelques jours, devant le ministère des Affaires étrangères à Alger. "Ils sont retournés à la maison bredouilles, sans la moindre indication sur notre sort", confie Houari, excédé par l'indifférence des pouvoirs publics au supplice des Algériens bloqués à l'étranger. "Ils attendent peut-être qu'on soit morts. Il sera plus facile pour eux de nous rapatrier dans des cercueils", ironise, pour sa part, Fadia. Comme beaucoup de compatriotes coincés dans l'Hexagone, elle a été totalement prise au dépourvu, en apprenant que l'Algérie a décidé de garder ses frontières fermées jusqu'à nouvel ordre. "Comme il n'y avait plus de vol de rapatriement, j'ai pensé que le trafic aérien allait reprendre assez rapidement. La France ayant en plus accepté de rouvrir sa frontière avec l'Algérie, j'étais presque certaine que j'allais pouvoir retourner chez moi", fait savoir l'étudiante. Deux jours après la décision du gouvernement de reconduire le confinement, sa réservation d'avion pour le 13 juillet a été annulée par Air Algérie. Tous les autres vols ont été également supprimés jusqu'à cette date, y compris par la compagnie française Transavia. "Certains disent que les frontières resteront fermées tout l'été", s'inquiète, pour sa part, Karima, maman d'un bébé de 10 mois. Elle a ramené son fils en France en février dernier pour une opération chirurgicale. Depuis, elle erre avec lui, sans toit et sans ressources. "Jusqu'à quand allons-nous tenir dans une telle situation ?", se demande la jeune femme. Devant l'ambassade d'Algérie, plusieurs policiers ont été déployés pour empêcher les manifestants d'accéder aux locaux. À Marseille, les nombreuses personnes qui ont pris part au rassemblement devant le consulat sont également restées dehors. La plupart ont manifesté avec des pancartes. "Les Algériens réclament leur droit au retour", pouvait-on lire sur l'une d'elles. De nouveaux rassemblements devant l'ambassade et les consulats sont prévus lundi prochain. Des regroupements dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy sont également envisagés.